Et une couleuvre de plus, une ! L'annonce d'un report sine die de l'écotaxe a ravivé les tensions entre le gouvernement et ses partenaires écologistes. Et encore une fois, des voix s'élèvent chez les Verts pour poser la question du maintien de Cécile Duflot et Pascal Canfin au gouvernement. Un ultimatum tellement répété au cours des derniers mois qu'il en devient peu crédible.
Invité sur Europe 1 mercredi, la ministre du Logement a, comme à son habitude, joué les équilibristes, allant jusqu'à donner sa bénédiction à la suspension de l'écotaxe. Celle qui préfère avoir des "moyens d'action" que des "moyens d'expression" a ensuite mis en avant l'action des écologistes au sein du gouvernement dans plusieurs grands dossiers, comme la rénovation thermique, la contribution climat-énergie ou encore l'encadrement des loyers. Pas un mot, en revanche, sur les couleuvres avalées par les écologistes depuis mai 2012. Europe1.fr en a pourtant listé un certain nombre.
La taxation sur le diesel abandonnée
Cette couleuvre-là a été très difficile à digérer pour la majorité des écologistes. Après cafouillage et rétropédalage du ministre de l'Ecologie Philippe Martin, c'est François Hollande en personne qui a annoncé, le 15 septembre, au 20 heures de TF1, l'abandon d'une taxe sur le diesel, au grand dam des écolos. A l'origine, une disposition destinée à réduire l'avantage fiscal du diesel sur l'essence devait être inscrite dans le budget 2014. Mais le ras-le-bol fiscal exprimé dans l'opinion a eu raison de cette promesse faite aux alliés verts. Lors de cette même interview, le président avait vertement répondu aux députés écologistes qui menaçaient de ne pas voter le budget. "Chacun doit se déterminer non pas par rapport à un parti dans une majorité, même si ça compte, même s'il y a des congrès ou d'autres rendez-vous, mais par rapport à l'intérêt de la France, pas en 2014 mais à moyen et long terme".
Un budget critiqué, Batho virée
Le limogeage de Delphine Batho, le 4 juillet, après que cette dernière ait ouvertement critiqué le "mauvais" budget alloué à son portefeuille de l'Ecologie, passe très mal chez les alliés écologistes. D'une part, parce que Delphine Batho a voulu défendre son ministère. D'autre part, parce qu'au 246 boulevard Saint-Germain, les locataires défilent depuis le début du quinquennat Hollande. Le 22 juin 2012, Nicole Bricq avait déjà été remerciée du ministère de l'Ecologie après avoir été désavouée au sujet d'un permis pétrolier de Shell en Guyane.
Montebourg, le nucléaire et les gaz de schiste
Le ministre du Redressement productif a le don de provoquer l'ire des alliés écologistes. En qualifiant, le 27 août 2012, le nucléaire de "filière d'avenir". En déclarant, un mois plus tard, au lendemain de la conférence environnementale, que diminuer le nucléaire et le pétrole, tout en trouvant de l'argent pour financer les renouvelables" est irréaliste. "Ces déclarations sont un peu surprenantes parce que, quand on a entendu le président et le Premier ministre deux jours avant, on se dit qu'il y a quelque chose qui ne colle pas tout à fait", lui répondra du tac au tac sa collègue au Logement Cécile Duflot. La question du nucléaire est au cœur de l'accord électoral négocié non sans douleur entre le PS et les écologistes d'EELV en 2012. Durant la campagne présidentielle, François Hollande a promis de ramener la part d'énergie nucléaire de 75 à 50% d'ici 2025.
L'autre sujet à éviter entre Arnaud Montebourg et les écolos, c'est celle des gaz de shiste. La loi du 13 juillet 2011 interdit la fracturation hydraulique en France. Mais le ministre du Redressement productif n'a jamais fermé la porte à une autre technique pour rendre exploitable cette source d'énergie. Après avoir déclaré, en juillet 2012, que "la question de l'exploitation des gaz de schiste devait (...) être posée", Arnaud Montebourg avait de nouveau rendu les alliés écolos verts de rage en proposant cet été la création d'une compagnie "publique et nationale" pour exploiter à terme les gaz de schiste.
Valls et les Roms
La question des Roms est un autre sujet de crispation. En août 2012, les écolos sont parmi les premiers à réagir aux démantèlements de campements de Roms. Des démantèlements qui "contredisent brutalement une des promesses" du candidat Hollande, qui s'était engagé durant la campagne "à ne pas expulser de familles Roms sans leur apporter de proposition de relogement", fustige alors Europe-Ecologie-Les Verts. Plus récemment, Cécile Duflot a attaqué sans ménagement Manuel Valls, accusant son collègue de l'Intérieur de "mettre en danger le pacte républicain" après ses propos polémiques sur les Roms.
Notre-Dame-des-Landes, l'aéroport de la discorde
L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est le dossier le plus emblématique des désaccords entre le PS et les écolos. Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, est le premier défenseur de ce projet. Pour Europe-Ecologie-Les Verts, la construction de cet aéroport est incompatible avec la sauvegarde des espèces et des écosystèmes. Dans l'entourage du Premier ministre, on prend soin de rappeler qu'il y a "un consensus très large dans l'Ouest" sur ce projet. "Le petit caillou, il n'est pas dans le pied de ceux qui sont cohérents, il est dans le pied des écologistes qui participent au gouvernement", confiait , acerbe, un proche de Jean-Marc Ayrault au Monde, en novembre 2012, à la veille d'une grande manifestation contre le projet d'aéroport.
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