Certains ministres veulent rebondir sur l’affaire Cahuzac et infléchir la politique d'austérité.
La brèche. L’affaire Cahuzac a fait deux victimes au sein du gouvernement ; l’ancien ministre du Budget lui-même, mais aussi son ministre de tutelle, Pierre Moscovici, visé par des accusations de l'UMP. Soit les deux hommes qui incarnaient la rigueur dans l’équipe Ayrault. Dans ce contexte, plusieurs ministres, classés plus à gauche, tentent de s’engouffrer dans la brèche pour infléchir cette politique d’austérité.
>> Mise à jour, 12h55 : "Aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite, qui n'est pas l'austérité", a répliqué le président de la République François Hollande mercredi à la mi-journée.
#LES CONTESTATAIRES
Montebourg, roi de Bercy. Jérôme Cahuzac désavoué, Pierre Moscovici en difficulté, Bernard Cazeneuve en déficit de notoriété… Désormais à Bercy s’ouvre un boulevard pour Arnaud Montebourg. C’est d’ailleurs le ministre du Redressement productif qui a lancé l’offensive contre l’austérité dans Le Monde de mercredi. "Le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, n'est plus sérieux. Il est absurde et dangereux. Il est donc plus que temps d'ouvrir le débat sur cette politique qui conduit l'Union à la débâcle", estime-t-il, avant de dénoncer le fonctionnement de l’Union, où "il n'y a nul débat démocratique sur les causes et les conséquences de cette politique d'austérité qui nous entraîne collectivement dans une spirale récessive".
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Duflot embraye. Même son de cloche chez Cécile Duflot. Dans une interview à Mediapart, la ministre écologiste du Logement estimait mardi que la réponse à la crise ne doit pas "uniquement centrée sur la baisse des dépenses publiques ne peut pas être une réponse politique durable." "Je sais qu'il faut engager une trajectoire de désendettement. En même temps, la solution à la crise ne se trouve pas dans cette trajectoire. Le risque, c'est la spirale de la récession", insiste-t-elle, utilisant un vocabulaire très proche de celui de son collègue du Redressement productif.
Hamon insiste. A croire que l’offensive était concertée… Car Benoît Hamon a lui aussi ajouté sa voix à celles de ses collègues. Le ministre chargée de l’Economie solidaire dénonce dans Le Parisien de mercredi "le rythme imposé (par l’Europe) à la poursuite d’une consolidation budgétaire qui confine à l’austérité, qui peut nous conduire dans une impasse et à une France low-cost". "Aujourd’hui, l’austérité en Europe n’est plus soutenable, avec ses millions de chômeurs", assène encore Benoît Hamon. "Il appartient donc au gouvernement de tout faire pour renverser cette tendance funeste.
#LE RECADRAGE
Hollande ne change pas de cap. Lors de son intervention après le conseil des ministres, le chef de l'Etat a opposé mercredi une fin de non-recevoir à ses ministres, jugeant que l'austérité imposée par l'Union européenne devient insoutenable. En forme de mise en garde, François Hollande a prévenu "qu'aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite, qui n'est pas l'austérité". "Le sérieux c'est le cap, la croissance c'est l'objectif , l'emploi c'est l'exigence", a-t-il encore lancé, fermant la porte à un changement de ligne.
Le PS arrondit les angles. Face à cette fronde ministérielle, le PS avait de son côté tenu à ne pas en rajouter. "Quand Arnaud Montebourg dit qu’on ne peut pas se permettre une politique d’austérité en Europe, je crois qu’il a raison et je crois qu’il est sur la même ligne que le président de la République", commentait ainsi mercredi matin pour Europe 1 Eduardo Rihan Cypel, porte-parole du PS. "Le combat pour la croissance a commencé, il faut le poursuivre", enjoignait-il.