Contexte.Au lendemain des vœux de François Hollande, le 31 décembre dernier, une partie de l’UMP lui avait répondu "chiche !". Au lendemain de la conférence de presse semestrielle du président, qui a précisé ses intentions, la droite modérée reste sur la même ligne. Et c’est toute l’opposition qui se retrouve face à un dilemme : soutenir le cap du président - comme l’a fait le Medef dans les grandes lignes - ou le rejeter fermement, au risque de passer pour uniquement contestataire.
"Le président rejoint une vision lucide". Jean-Pierre Raffarin a choisi le premier camp, saluant mercredi" un "changement de discours bienvenu" et une "vision lucide". "J'étais préoccupé de voir que les Chinois, les Américains, les Russes, le Brésil avaient à peu près tous la même vision du monde et nous étions les seuls différents", a-t-il expliqué sur France Culture. "Finalement, le président rejoint une vision lucide de la situation économique mondiale", a apprécié le sénateur de la Vienne.
"Une prise de conscience". L’ancien Premier ministre n’est pas le seul à dire tout haut qu'il a apprécié l’intervention présidentielle. Invité mercredi matin d’Europe 1, François Baroin a lui aussi reconnu "une prise de conscience d'une réalité économique qui s'impose à tous" et estimé que l'opposition, "objectivement", "ne peut qu'accompagner cette démarche" si elle est "sérieuse." "Quand j'entends parler de politique de l'offre, de soutien aux entreprises, de simplification, je suis prêt à soutenir, à dire : ‘oui, c'est la bonne direction pour la France’", a renchéri l'ex-ministre Bruno Le Maire sur Public Sénat.
Lors de son meeting de rentrée, mercredi, François Fillon va lui aussi approuver, sous conditions bien sûr, le pacte de responsabilité de François Hollande, comme un tweet de son fidèle lieutenant, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, l’avait laissé entendre dès mardi soir :
Le discours de François Hollande marque un tournant qui peut être positif. J’ai envie de lui dire « chiche » ! #ConfPR— Eric Ciotti (@ECiotti) 14 Janvier 2014
Au centre également on applaudit la démarche sociale-démocrate du chef de l’Etat. Dès mardi soir, Jean-Louis Borloo s’est ainsi félicité du "pacte de responsabilité" avec les entreprises, qu’il est prêt à soutenir, "si ce texte contient des mesures concrètes, effectives et allant dans le bon sens", a toutefois ajouté le leader de l’UDI.
"Une usine à gaz" pour Copé. Jean-François Copé, lui, n’en démord pas : pas question d’apporter un soutien, même à minima, aux propositions du chef de l’Etat, qui ne sont qu’un "vœu pieux" et "une usine à gaz". "Pensez-vous vraiment, monsieur le président, qu'une baisse hypothétique de 10 milliards d'euros des charges d'ici 3 ans est à la hauteur de l'enjeu pour redonner de la compétitivité aux entreprises françaises ?" s'est faussement interrogé le président de l’UMP. Xavier Bertrand ou encore Henri Guaino ont marché dans ses pas.
En déplaçant le curseur de sa politique vers la droite et en assumant un "socialisme de l’offre", François Hollande, en fin stratège, investit le terrain de la droite. Le réformateur, c’est lui. Celui qui réduira le coût du travail ? Encore lui. La réduction des dépenses publiques ? Toujours lui. Et histoire de refermer le piège, il a précisé que "le pacte de responsabilité, c'est une chance. Chacun doit la saisir. ( …) Toutes les familles politiques" sont "concernées". La balle est dans le camp de l’UMP.
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