"Chantal Brunel nage en eaux troubles", "sa proposition est ignoble", "cette sortie donne envie de vomir", "une député débile" … Les propos de la députée UMP Chantal Brunel ont provoqué, mardi, violent un tollé dans les rangs de l’opposition.
L'ancienne porte-parole du parti majoritaire a suggéré de remettre "dans les bateaux" les candidats à l'immigration en Europe venus de la rive sud de la Méditerranée. Elle était alors interrogée dans les couloirs de l'Assemblée sur les sondages donnant Marine Le Pen, présidente du Front national, en tête du premier tour de la présidentielle.
"Remettons-les dans les bateaux"
"Il faut rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux", a-t-elle estimé avant d’ajouter : "Marine Le Pen n'a aucune solution à proposer. Nous devons montrer que nous avons des solutions (...). On doit assurer la sécurité en France et rassurer les Français".
"Chantal Brunel est-elle passée de porte-parole de l'UMP à porte-parole du Front National ?", s'est d’abord interrogé Harlem Désir, numéro deux du Parti socialiste qui a demandé au patron de l'UMP Jean-François Copé de "désavouer immédiatement et de condamner clairement" les propos de la députée. "Cet énième dérapage d'une responsable UMP montre le danger de la surenchère permanente entre la droite et l'extrême droite", a-t-il ajouté.
"Une députée débile"
Face à la montée du Front National dans les sondages, "il y a des solutions. Et ces solutions, ce n'est pas de dire "renvoyons les immigrés dans des bateaux" comme cette débile de députée UMP", a, pour sa part, fustigé Cécile Duflot, mardi soir sur Europe 1.
La première secrétaire du parti socialiste, Martine Aubry, s'est déclarée mercredi "effrayée" et "scandalisée" par les propos de la députée. "On est aujourd'hui dans un pays, la France, où le président de la République a hésité à soutenir les peuples tunisien et égyptien (...). Plus rien ne m'étonne, y compris des députés UMP", a-t-elle commenté. "La France qu'on aime, pour nous ça n'est pas celle-là. Les Tunisiens, les Egyptiens, ils n'ont pas fait la révolution pour venir chez nous. Ils veulent vivre chez eux, en liberté, en démocratie", a poursuivi la maire de Lille.
Au MoDem, on reconnaît "avoir connu Chantal Brunel plus inspirée quand elle dénonçait les violences faites aux femmes. Malheureusement son indignation est sélective, quand on voit dans quel mépris elle tient aujourd’hui les victimes de violences, de rapts et de meurtres qui pourraient trouver refuge, temporairement, au nord de la Méditerranée", a écrit Fadila Mehal, chargée de l’Intégration au shadow cabinet du parti de François Bayrou.
Pour le numéro un du PCF, Pierre Laurent, "cette sortie atroce de la part de la députée UMP donne envie de vomir". "L'affolement gagne les rangs de l'UMP", a-t-il jugé.
Copé "désapprouve"
Face à cette levée de bouclier, le patron de l’ UMP, Jean-François Copé a dû intervenir dans la soirée et a assuré qu'il "désapprouvait" les propos de la députée UMP. "Il peut arriver que l'on dise des choses qui sont en décalage avec ce que l'on pense profondément. Je pense que ça doit être le cas de Chantal", a-t-il toutefois ajouté sur BFM.
Chantal Brunel s’est excusée, dans une interview au NouvelObs.com , tout en assumant ses propos. "Si j'ai pu blesser quelqu'un en utilisant des mots qui ont pu choquer, je m'en excuse, mais vraiment, si on ne peut plus utiliser des mots qui ont été utilisés par le Front national, nous allons faire son lit", a déclaré la députée UMP.