A partir de février 2012, les enseignants débuteront leur carrière avec une rémunération au-dessus des 2.000 euros brut. Luc Chatel en a fait l’annonce jeudi. "La barre symbolique des 2.000 euros en début de carrière sera franchie au 1er février 2012", a déclaré le ministre de l'Education lors d'une visite du Salon de l'éducation à Paris.
Avec la hausse actée en mars 2010, Luc Chatel a calculé que par rapport à "1.690 euros en 2007", la hausse de leur salaire brut est de "+18% en cinq ans". Dans son entourage, on précise que le surplus salarial décidé pour février 2012 va concerner 107.000 enseignants du public et 18.000 du privé, les professeurs des écoles et les certifiés, du 3e au 5e échelon. Le tout pour un coût total avoisinant les 72 millions d'euros en 2012 et les 80 millions en année pleine.
"Le ministre triche un peu"
Sans surprise, les syndicats d’enseignants tempèrent cet enthousiasme. "Je prends acte d'une augmentation de salaire qui devrait être selon nos calculs de 100 euros bruts par mois, mais je ne suis pas sûr que ce soit suffisant pour enrayer la crise de recrutement à laquelle fait face actuellement l'Education nationale", a ainsi réagi la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison. Dans un communiqué, le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, a jugé que "les annonces du ministre ne sont pas du luxe" mais "de simples rattrapages tant le retard est important".
Le SE-Unsa a lui parlé d'un "arrosage ciblé pour éteindre l'incendie", décidé du fait de "la chute des candidatures aux concours d'enseignement" : les débutants "auront un salaire d'entrée dans le métier atteignant tout juste 1.600 euros nets, toujours très largement inférieur" aux voisins européens. Et si l'annonce concerne plus de 100.000 enseignants, "la moitié percevra de fait une augmentation inférieure à 20 euros nets par mois", ajoute le syndicat.
La FSU conteste par ailleurs le chiffre d’une hausse 18% avancé par Luc Chatel. Le ministre "occulte que la base de calcul des rémunérations des enseignants débutants a été modifiée par la masterisation", c’est-à-dire le passage de Bac+4 à Bac +5 pour devenir enseignant, note le syndicat. En outre, selon Bernadette Groison, la hausse de 18% en cinq ans avancée par Luc Chatel se réfère à 1.690 euros, donc au 1er échelon, "or plus grand monde ne rentre aux 1er et 2ème échelons, donc le ministre triche un peu". Le 3ème échelon ayant passé en cinq ans de 1.890 à 2.000 euros bruts, la secrétaire générale de la FSU a calculé "une hausse de 5%" seulement.
Statut quo pour les moins jeunes
A noter que pour les plus anciens, ceux qui ont 6, 15 ou 25 ans de métiers, aucune augmentation salariale n'a été annoncée. C'est notamment le cas de Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUIPP-FSU et professeur des écoles depuis 14 ans. "Sept enseignants sur huit ne sont pas concernés par cette revalorisation. Depuis 2007, ils n'ont d'ailleurs absolument rien reçu. Au final, le salaire des enseignants français est très en retard par rapport aux voisins européens, et il continue de stagner très fortement dans notre pays", a-t-il déploré au micro d'Europe 1. "En fin de carrière, on a la grande majorité des enseignants à 2.700 euros net quand un enseignant allemand dépasse allègrement les 3.000 euros mensuels", a-t-il par ailleurs dénoncé.
Avec cette annonce, l'objectif du gouvernement est en réalité de faire venir des candidats pour passer le concours d'enseignant car cette année, un poste sur cinq est resté vacant au Capes. Mais Luc Chatel a oublié quelque chose, a ironisé un enseignant interrogé par Europe 1 : "quand on choisit un métier, on regarde le premier salaire c'est vrai, mais aussi les perspectives d'évolution".