La réponse est "non" : Luc Chatel n’exercera pas son "droit de vie et de mort sur des manuels" scolaires, a déclaré, mercredi, le ministre de l’Education, opposant une fin de non-recevoir aux 80 députés de l’UMP qui réclament le retrait de plusieurs ouvrages de biologie. Mais la bataille est loin d'être terminée.
Ces élus - emmenés par le député des Bouches-du-Rhône Richard Maillé et plusieurs parlementaires de La Droite populaire et de l’UMP (Christian Vanneste , Lionnel Luca , Jacques Myard ) - s’étaient émus, mardi, de la reprise dans ces manuels de la classe de première de "la théorie du genre".
Chatel évoque le libre choix des éditeurs
Selon cette théorie du "gender", apparue dans les années 1970 aux Etats-Unis, la distinction entre homme et femme, ainsi que l’hétérosexualité, est avant tout une construction sociale et culturelle.
Pour Luc Chatel, les programmes de l'Education nationale ne font pas référence à cette théorie mais, a-t-il estimé sur RTL, il n'a pas à intervenir "dans les choix éditoriaux de tel ou tel éditeur scolaire". "Le ministre de l'Education nationale n'est pas chargé d'éditer les manuels. Le ministère est chargé de rédiger les programmes", a-t-il martelé.
Reste qu’une circulaire de son ministère évoque bien, à demi-mot, cette théorie. Datée du 30 septembre 2010, cette dernière indique que les programmes de SVT de première doivent comporter un chapitre intitulé Devenir homme ou femme. "Si l'identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l'orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée", peut-on lire dans ce texte officiel.
Copé s'en mêle
Les propos de Luc Chatel n’ont, en tous cas, pas éteint la polémique. Mercredi, le patron de l’UMP Jean-François Copé est venu apporter son soutien aux députés contestataires.
Interrogé lors du point presse hebdomadaire du parti présidentiel, il a ainsi lancé : "Bien sûr qu'ils ont mon soutien parce qu'ils posent une vraie question". "On est là aussi pour fixer des principes. On est en droit de poser un certain nombre de questions. Ce qui est profondément choquant dans cette affaire, c'est que la théorie du genre, qui est une théorie défendue par des personnes mais combattue par d'autres, soit présentée comme une vérité scientifique alors que ça ne l'est pas", a insisté Jean-François Copé. "C'est comme si on présentait dans les manuels d'économie la théorie marxiste comme une vérité scientifique", a-t-il ajouté.
Vanneste renchérit
Dans la foulée du patron de l’UMP, Christian Vanneste, signataire du courrier au ministre, s'est permis d'enfoncer le clou, voyant même dans la reprise de cette théorie, une pression du "lobby gay".
"Cela me paraît évident. En France, le poids du lobby gay à un certain nombre de niveaux décisionnels est considérable. On savait déjà que c'était le cas en politique et dans les médias. C'est une évidence. Manifestement, il y en a aussi chez certains éditeurs !", a-t-il asséné, alors qu’il était interrogé par le JDD.fr. Bref, mercredi, la théorie du genre a pris une sérieuse option pour devenir la polémique de la rentrée scolaire.