Dix ans après, Jean-Pierre Chevènement repart au combat. Le président d’honneur du Mouvement républicain et citoyen, déjà candidat en 2002, a officialisé samedi soir sur France 2 sa candidature à l’échéance suprême, l’élection présidentielle de 2012.
"J'ai beaucoup réfléchi et j'ai décidé de me porter candidat pour faire bouger les lignes, comme je l'avais dit, c'est-à-dire pour mettre la gauche et la France à la hauteur des défis qui sont devant nous", a déclaré l'ancien ministre de l’Intérieur, qui avait donc déjà tenté sa chance en 2002, quand il avait recueilli 5,3% des suffrages exprimés.
"Le tort d'avoir raison contre tous les autres"
Cette candidature s’ajoute à celles du socialiste François Hollande, de l’écologiste Eva Joly, de Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), de Nathalie Arthaud (LO) et de Philippe Poutou (NPA) à gauche. Cela fait beaucoup, alors que Jean-Pierre Chevènement avait été pointé du doigt en 2002 pour avoir fait le jeu de Jean-Marie Le Pen, finalement qualifié pour le second tour, au détriment de Lionel Jospin.
"J'avais le tort en 2002 d'avoir raison contre tous les autres et je n'accepte pas que ceux qui ont fait le lit du Front National en se ralliant au néolibéralisme puissent me transformer en bouc émissaire", a-t-il répondu. "Le problème est de savoir ce qu'ont dit les candidats. Moi j'ai mis en garde contre l'omnipotence des marchés financiers, j'ai proposé de redresser l'Europe (...), de fixer des repères clairs dans la sécurité, l'école", a poursuivi le sénateur du Territoire-de-Belfort.
Une candidature de plus à gauche
Cette annonce est une demi-surprise, dans la mesure où Jean-Pierre Chevènement avait multiplié les signes dans ce sens depuis plusieurs semaines, comme la sortie d'un livre et une campagne d'affichage, Mais pour beaucoup, elle paraissait peu crédible. Jean-Pierre Chevènement est en effet plutôt discret sur la scène politique depuis plusieurs années, et les instituts de sondages ne testaient même pas sa candidature jusqu’alors. Certains doutent même de sa capacité à recueillir les 500 parrainages de maires nécessaires à sa candidature.
A 72 ans, Jean-Pierre Chevènement possède une solide expérience du pouvoir. Il a été ministre sous François Mitterrand, successivement à l'Industrie, l'Education puis à la Défense, où il finit par démissionner en 1991 en raison d'un désaccord avec le président de la République sur la participation à la Première guerre du Golfe. Il fut ensuite ministre de l'Intérieur sous Lionel Jospin, entre 1997 et 2000. Auteur à ce poste d'une formule restée célèbre sur les "sauvageons", il démissionna là encore suite à un différend, sur la gestion du dossier corse cette fois.
Avant le référendum sur Maastricht, en 1992, cet énarque avait quitté le Parti socialiste afin de faire campagne pour le non. Il avait ensuite fondé le Mouvement des Citoyens, devenu le Mouvement républicain et citoyen (MRC). Il avait été frappé, fin 1998, par un grave accident d'anesthésie qui l'avait plongé dans le coma. Il en était ressorti sans dommage. Exploitant son goût pour la formule et son humour pince-sans-rire, Jean-Pierre Chevènement avait qualifié cette épisode de "miracle républicain".