Sa candidature a de quoi inquiéter le Parti socialiste. Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de Lionel Jospin, qui a annoncé samedi sa candidature à la présidentielle, a pourtant assuré qu’il voulait "aider la gauche". "Je ne suis pas candidat contre François Hollande", a-t-il affirmé dimanche au Parisien.
"Il faut savoir écouter Jean-Pierre Chevènement"
Ce qui n'a pas empêché André Vallini de se rappeler le 21 avril 2002, quand Lionel Jospin, confronté à trop de candidats à gauche, avait été éliminé dès le premier tour de l'élection présidentielle. Jean-Pierre Chevènement avait alors recueilli 5,3% des voix. "Il y a un vrai risque de dispersion des voix", a regretté ce proche de François Hollande.Le sénateur de l'Isère veut tout de même croire que le fondateur du MRC pourrait revenir sur sa décision."Jean-Pierre Chevènement a envie d'influer sur la campagne de François Hollande. Il y a encore un espace pour la discussion", a-t-il déclaré sur RMC. "On peut discuter sur le rôle de la banque centrale (européenne)", dont Jean-Pierre Chevènement veut renforcer les prérogatives.
Pour Arnaud Montebourg, pas de panique : cette candidature est "parfaitement compatible" avec celle de François Hollande. Arnaud Montebourg a estimé que son travail sera de "faire le pont" entre les deux candidats et de "permettre à François Hollande de l’emporter et aussi à Jean-Pierre Chevènement de se sentir représentée". Samedi soir, lors de son interview sur France 2, Jean-Pierre Chevènement avait cité Arnaud Montebourg comme ayant des idées "proches des siennes". "Il faut savoir écouter Jean-Pierre Chevènement", a plaidé Arnaud Montebourg, se refusant à envisager un "21 avril-bis".
Miche Rocard est en revanche plus alarmiste. "Sa candidature est une fragilisation des chances de François Hollande, donc c'est un peu un coup de poignard dans le dos. Il fait une faute grave que nous risquons de payer beaucoup", a réagi l'ancien Premier ministre lundi sur France Inter, avant de tacler l'ancien ministre de la Défense. "Je me souviens, quand il était socialiste, il réussissait à être anti-allemand, anti-américain, et pro-irakien, c'était une synthèse d'opinions internationales au moins étrange".
Les sarcasmes d'Alain Juppé
A droite, on avait du mal à cacher une certaine satisfaction face à cette nouvelle candidature à gauche. L'ex-ministre et ami du chef de l'Etat, Brice Hortefeux, a ainsi salué la candidature d'un de ses prédécesseurs place Beauvau, "Jean-Pierre Chevènement est un homme de gauche, sincère et expérimenté, c'est-à-dire tout le contraire du projet socialiste porté par François Hollande", a déclaré Ml'ancien ministre de l'Intérieur sur Radio J.
Alain Juppé, invité du Grand rendez-vous Europe1/i-télé/Le Parisien-Aujourd’hui en France, a lui choisi l'ironie. "J’ai beaucoup d’admiration pour Jean-Pierre Chevènement", a-t-il affirmé, avant de poursuivre: "repartir au combat en sachant qu’on fera 2, 4, 5 pour cent, c’est une force d’âme qui mérite le respect".