Chirac back dans les bacs. L’ancien président fait son grand retour, cette semaine, dans les librairies avec la parution du tome II de ses Mémoires : Le Temps présidentiel.
Dans cet ouvrage qui couvre la période de ses deux mandats à l’Elysée - de 1995 à 2007 - , Jacques Chirac déroge à la règle qui veut qu’un ancien chef de l’Etat ne s’exprime pas sur son successeur et épingle Nicolas Sarkozy, "homme "nerveux, impétueux ne doutant de rien et surtout pas de lui-même".
"Trop de zones d'ombres et de malentendus"
A demi-mots, Jacques Chirac revient ainsi sur les affronts que lui a infligés son ministre Sarkozy. Quelques exemples de ces bisbilles sont relatés dans les bonnes feuilles de l’ouvrage, publiées dans Le Nouvel Observateur et Le Point.
Parmi ces épisodes qui ne passent pas pour Jacques Chirac : la mise en cause de sa belle-famille, quelques mois avant la présidentielle de 1995, "dans l'affaire des terrains de Vigneux". "Il m'a toujours manqué la preuve qu'elle avait été initiée par le ministre du Budget" Nicolas Sarkozy, enrage Jacques Chirac dans Le Temps présidentiel.
L’ancien président aurait-il pu faire de cet ennemi interne son Premier ministre ? Au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2002, il y a songé. A l’époque, "Nicolas Sarkozy paraît le mieux préparé à occuper la fonction". Mais Jacques Chirac y renonce car "il subsiste trop de zones d'ombres et de malentendus" entre eux.
Pas touche au Sumo
En 2004, après la déroute des régionales, l'hypothèse de Nicolas Sarkozy à Matignon refait surface. Il la rejette de nouveau, car "si Matignon et l'Elysée ne s'entendent pas, c'est l'implosion". "C'est ce qui se passerait inévitablement avec Sarkozy".
Jacques Chirac garde également un souvenir aigre de déclarations de Nicolas Sarkozy ironisant sur les amateurs de Sumo et dénigrant le Japon, deux de ses passions, des "petites phrases provocantes décochées contre moi par un ministre en fonction qui s'exprime à sa guise, sans se soucier de ménager le chef de l'Etat".
Manque d'égard
Mais, l’ancien président assure avoir été au-dessus de ses bassesses. "Réagir à cela, du moins en public, ne pouvait que conduire à un affrontement auquel, je persistais à le penser, il n'eût pas été digne pour le président de la République de se prêter", fait savoir l’ex-chef de l’Etat.
Enfin, en 2007, alors qu'il a apporté son soutien à Nicolas Sarkozy un mois avant la présidentielle, Jacques Chirac écrit que le soir de l'élection avec ses proches "chacun de nous écoute avec la plus grande attention chaque phrase, chaque mot qu'il prononce guettant secrètement le moment où il citera sans doute le nom de celui auquel il s'apprête à succéder". "Mais, ce moment ne viendra jamais. Pour ma part, je m'abstiens de manifester la moindre réaction. Mais au fond de moi, je suis touché et je sais désormais à quoi n'en tenir".