François Hollande a choisi à la dernière minute d'effectuer un déplacement sur le thème de l'emploi à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Le président risque de le regretter tant son message a paru brouillé, jeudi matin, à quelques heures de la publication des chiffres mensuels du chômage. Alors qu'il avait appelé le gouvernement Ayrault à éviter un maximum les couacs, le chef de l'Etat s'est lui-même emmêlé les pinceaux, jeudi, et sur un sujet majeur dont il a fait sa priorité : le chômage.
Acte 1 : Hollande semble revenir sur sa promesse
Pour la première fois, sans toutefois le dire expressément, François Hollande a laissé entendre que la courbe du chômage ne serait pas inversée d'ici la fin de l'année, contrairement à l'engagement qu'il avait pris, le 9 septembre 2012, au 20 heures de TF1. "C'est vrai que j'ai fixé l'objectif de l'inversion de la courbe du chômage, pour parler plus clair encore, de la baisse du chômage" d'ici à la fin de l'année, a déclaré le président, lors d'une table ronde.
"C'est une bataille que nous avons engagée, elle se fera mois par mois, elle s'est faite mois par mois, et nous devons y travailler sans cesse et ça nous prendra tout le temps qui est nécessaire, ce mois-ci comme les autres mois", a-t-il ajouté. "Mais ce qui compte, c'est cette tendance que nous devons maintenant imposer, c'est que le chômage doit cesser d'augmenter", a insisté le président de la République.
Acte 2 : Rattraper le couac présidentiel
Le staff de François Hollande prend alors conscience du "couac présidentiel". Un petit mot est passé discrètement au président pour lui faire part de l'impact de ces déclarations. A la fin de la table-ronde, deux conseillers très haut placés de l'Elysée se ruent sur les journalistes présents pour leur signifier qu'ils n'ont rien compris au message du président ! "Rien ne change, en fait !"
Acte 3 : Hollande rétropédale, l'objectif maintenu
Interrogé par les médias sur le maintien du calendrier, à savoir la fin 2013 pour modifier cette fameuse courbe du chômage, le chef de l'Etat a alors répondu, à la surprise générale, un "oui" net et précis. "L'objectif de la courbe du chômage à la fin de l'année est maintenu, bien évidemment", a pris soin de préciser l'entourage du président. Avant de fournir des éléments de com' tout aussi brumeux : "L'idée est d'être à l'horizontale à la fin de l'année ensuite d'avoir une pente descendante".
Acte 4 : Hollande n'a plus un doute
Quelques minutes plus tard, le chef de l'Etat assure que sa promesse sera bel et bien tenue, "persuadé" de l'inversion de la courbe d'ici fin décembre. "De la bataille pour l'inversion de la courbe du chômage, il faut passer à la bataille pour une baisse continue du nombre de chômeurs et l'intensifier", souligne François Hollande, misant sur une relance des contrats de génération.
En coulisses, on avait acté le report de calendrier
Comme l'expliquait Caroline Roux la semaine passée, les collaborateurs du président ont pourtant d'ores et déjà acté que la promesse faite par François Hollande devrait être revue… dans le temps. "On a pris du retard avec le bug de SFR et le rebond du chômage cet automne", reconnaissait un de ses proches. "Le 31 décembre à 20 heures, le président ne pourra pas s’adresser aux Français et leur annoncer qu’il a gagné cette bataille", renchérissait un autre. La question est désormais de savoir si François Hollande est prêt à tneir ce discours aux Français, renonçant ainsi à un nouvelle promesse.