Députés et sénateurs centristes tiennent pour la première fois des journées parlementaires communes, lundi et mardi à Nice. Pour l'occasion, les ténors de l’UMP, à commencer par le Premier ministre, feront le déplacement. Il faut dire que les centristes sont très courtisés par la majorité. Pourquoi ? La réponse en cinq points.
Parce que la grogne monte - Si les cadres de l’UMP ont décidé d’aller à Nice, c’est avant tout pour faire taire les tensions qui sont nées, ces derniers temps, avec les centristes. Les parlementaires du centre considèrent "qu'ils n'ont pas suffisamment été entendus jusque-là et souhaitent faire entendre leur différence vis-à-vis de leur partenaire UMP de la majorité", a expliqué à la presse le patron des députés Nouveau Centre (NC), François Sauvadet. Il est vrai que les sujets de friction n'ont pas manqué récemment. Le tournant sécuritaire de l'été a notamment irrité. Hervé Morin l'a fait savoir en fustigeant lors de son université de rentrée les discours "de la haine, de la peur et du bouc-émissaire".
Parce leur image est meilleure que celle de l’UMP - Si le parti présidentiel s’enlise, depuis la rentrée, dans les querelles internes, les centristes semblent peu touchés par cet affaiblissement du parti présidentiel. En témoigne la popularité de l’un d’entre eux : le radical Jean-Louis Borloo. Dans un sondage publié la semaine dernière, la cote de popularité du ministre de l’Environnement a encore gagné 2 points pour s’établir à 62 % d’opinions favorables.
Parce qu’il y a une place à prendre - Le courant centriste qui n'a jamais été aussi absent du débat public depuis quarante ans. Jean-Louis Borloo est le premier à partager ce constat : "Je vais vous faire une confidence. L’UMP est victime de la disparition - au moins temporaire - de François Bayrou", soulignait-il après les régionales et l’échec cuisant du Modem. Bref, il y a une place à prendre pour récupérer les déçus de François Bayrou. Et l’UMP a tout intérêt à garder un œil attentif sur ceux qui les récupéreront.
Parce qu’ils peuvent jouer les arbitres en 2012 - Nicolas Sarkozy affaibli (seulement 32% d’opinions favorables, selon Ifop), les voix des centristes représentent une réserve indispensable dans la bataille présidentielle de 2012. Notamment dans les tractations d’entre-deux-tours. Reste que, sur la question les centristes sont divisés entre partisans du président du NC et ministre de la Défense, Hervé Morin, et ceux qui verraient bien le radical Jean-Louis Borloo porter leurs couleurs. Les deux hommes seront présents à Nice.
Parce qu’ils peuvent faire de l’ombre à Villepin - Une nouvelle a fortement agacé l’UMP ces derniers jours : désormais Dominique de Villepin est considéré comme le meilleur candidat de la droite pour 2012, à égalité avec Nicolas Sarkozy, selon un sondage. Un centre fort réduirait de facto la place laissée à l’ex-Premier ministre qui a récemment lancé un appel aux centristes pour constituer un groupe à l’Assemblée.
A noter que les parlementaires MoDem ne feront pas le déplacement à Nice, tout comme le député Nicolas Perruchot (NC) qui, lassé par le manque d'esprit critique de ses amis vis-à-vis du gouvernement, a récemment manifesté son intérêt pour le projet d'un groupe autonome à l'Assemblée porté par les villepinistes.