Il n'y aura finalement eu qu'une journée de circulation à Paris et dans sa proche banlieue. La mesure, censée lutter contre la pollution, n'a pas été reconduite mardi. Mais certains membres du gouvernement n'ont pas digéré l'épisode. Alors que les ministres osent rarement aborder le cas Ségolène Royal, certains d'entre eux n'hésitent cette fois pas à critiquer la gestion du dossier par la ministre de l'Ecologie, dans la foulée des piques lancées par l'ex-ministre Cécile Duflot la semaine dernière.
"Ingérable". "Elle a manqué d'intuition, elle aurait du lancer la circulation alternée dès le vendredi", affirme un ténor du gouvernement. "Elle a mal apprécié la situation". Pour un autre, "elle est prisonnière de son idée de ne pas imposer une écologie punitive. Elle est ingérable dans une équipe".
En réalité, le Premier ministre Manuel Valls était favorable dès jeudi dernier à une application de la circulation alternée. Mais Ségolène Royal a pris tout le monde de court en choisissant de ne pas imposer la "galère", selon son terme, aux habitants de la banlieue. C'est finalement François Hollande qui est intervenu en fin de semaine pour arbitrer en faveur de la mairie de Paris, et mettre en place la circulation alternée lundi.
"Elle fait de la politique, mais pas pour les bobos parisiens". Mais dès lundi matin, Ségolène Royal a repris la main. Elle n'a même pas attendu la fin de la réunion entre la mairie de Paris et la préfecture pour annoncer la fin de la circulation alternée. La ministre s'est simplement fiée aux prévisions favorables d'Airparif, qui évalue la pollution de l'air en Ile-de-France. Les proches de Ségolène Royal assument sa méthode : "elle fait de la politique, mais pas pour les bobos parisiens". Un tacle appuyé à Anne Hidalgo.
Ce nouvel épisode confirme d'ailleurs la dégradation du climat entre la ministre de l'Ecologie et la maire de Paris. L'épisode des feux de cheminée, en décembre, avait déjà allumé les braises. Ségolène Royal avait levé l'interdiction voulue par les écologistes parisiens. Interrogée lundi sur Europe 1, la ministre s'est de nouveau opposée à Anne Hidalgo, qui a demandé à Manuel Valls de rendre la circulation alternée automatique en cas de pollution. Impossible, a rétorqué Royal, "puisqu'il y a 1.800 policiers mobilisés sur la circulation alternée". Un ministre confirme que les deux femmes ne s'apprécient pas, et il n'y a aucune raison pour que cela s'arrange.
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