Michèle Alliot-Marie a été informée jeudi soir, "par les services de la Chancellerie", de la décision du procureur de Paris de faire appel dans l’affaire Clearstream. "Jean-Claude Marin n’a eu ni instruction, ni incitation de quelque nature que ce soit, pour prendre sa décision. Il l’a dit lui-même et c’est la vérité. Et je n’accepte pas qu’on instrumentalise à des fins politiciennes ou des raisons de revendications syndicales la décision du procureur", a martelé la ministre de la Justice, invitée dimanche du Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Parisien-Aujourd’hui en France.
"Si j’avais eu des instructions à donner, cela aurait été, comme c’est la loi, des instructions écrites, motivées et je l’aurais dit", a insisté Michèle Alliot-Marie. "Je ne me cache jamais derrière mon petit doigt", a ajouté la ministre.
"C’est dangereux pour la démocratie"
Michèle Alliot-Marie a ainsi apporté un soutien très franc à Jean-Claude Marin. "Remettre en cause son indépendance, son choix, c’est attaquer l’ensemble de la magistrature", a assuré la ministre. "C’est dangereux pour la démocratie que de vouloir faire porter la suspicion sur le procureur. Si la décision avait été en sens inverse, il y aurait probablement les mêmes critiques. On est dans un pays, en France, où on a toujours une théorie du complot", a-t-elle ajouté.
"Villepin doit exprimer ses idées"
Interrogée sur le rôle politique que pourrait jouer Dominique de Villepin dans les mois à venir, Michèle Alliot-Marie a commenté : "Dominique de Villepin est un homme politique qui doit exprimer ses idées. J’espère que ses idées ne se limitent pas à des attaques contre le président de la République". Avant de mettre en garde : "Les ambitions personnelles sont parfaitement légitimes mais il y a un moment où ce qu’il faut regarder c’est l’intérêt général, l’intérêt du pays".
"J’attendrai la fin du deuxième procès pour répondre à Dominique de Villepin", a par ailleurs précisé Michèle Alliot-Marie qui s’est défendue vigoureusement d’être partie dans ce dossier où elle a été citée comme témoin.
Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie, les deux trajectoires politiques semblent liées. En mai 2005, "j’ai rencontré Jacques Chirac et il m’a dit à l’époque son intention de me nommer comme Premier ministre. Ça ne s’est pas fait, c’est un choix du président de la République", a raconté Michèle Alliot-Marie. C’est finalement Dominique de Villepin qui avait emménagé à Matignon.