Comment Ayrault veut reprendre la main

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Fabienne Cosnay et Ludovic Fau , modifié à

Dans sa réponse à la motion de censure, mercredi à l'Assemblée, il entend rappeler le cap.

Le contexte. La motion de censure des députés UMP ? Jean-Marc Ayrault l'attend "avec impatience". Le texte sera examiné mercredi dans l'Hémicycle et devrait donner lieu à un échange musclé entre le président de l'UMP, Jean-François Copé et le chef du gouvernement. Le 14 février, en marge d'un déplacement à Reims, Jean-Marc Ayrault n'avait d'ailleurs pas caché une certaine envie d'en découdre, souhaitant "une explication de fond devant l'opinion publique sur ce que la droite a laissé : la situation du pays sur le plan financier, sur le plan de la dette, sur le plan des déficits, sur l'état de notre industrie".

Un discours minutieusement préparé. Depuis deux semaines, Jean-Marc Ayrault multiplie les consultations de parlementaires pour préparer son intervention au Palais-Bourbon. Mardi dernier, le Premier ministre a reçu quelques députés à déjeuner. "Il a noirci des pages et des pages de notes. Il veut placer l'exemplarité au cœur de son intervention", a confié un convive à Libération. Ce lundi midi, à peine rentré du Canada et avant son départ pour le Vatican, Jean-Marc Ayrault a encore reçu des élus à Matignon, selon les informations d'Europe 1.

Rappeler le cap. Dix mois après son arrivée à Matignon, Jean-Marc Ayrault entend, une nouvelle fois, expliquer les réformes aux Français. Le Premier ministre considère que la réponse qu'il apportera à cette motion de censure constitue une "opportunité" pour rappeler "le cap, le sens" de son action. "Je dirai aux Français que j’ai besoin d’eux. Que les efforts qu’ils font ne sont pas vains", confie à Europe 1 Jean-Marc Ayrault. Car le chef du gouvernement en est persuadé : les réformes en cours permettront à la France de faire face aux défis du monde". Reste à convaincre les Français et sa propre majorité.

Un Premier ministre qui "assume". C’est "difficile". Au plus bas dans les sondages, Jean-Marc Ayrault reconnaît lui-même la difficulté de sa tâche mais il estime que cela fait partie de la fonction. "Je n’ai pas d’états d’âme. J’assume mes responsabilités", affirme-t-il, interrogé par Europe 1, en marge de son déplacement au Canada. Les critiques assénées depuis dix mois - un chef du gouvernement transparent, inaudible - venues de son propre camp ? Jean-Marc Ayrault les entend et encaisse.  "Je ne suis pas obtus. J’essaye toujours de m’améliorer", a-t-il encore confié. A ceux qui estiment qu'il y a un "problème Ayrault",  le Premier ministre défend sa manière d'être. Jean-Marc Ayrault aime se définir comme "un homme d’action" qui cherche à "obtenir des résultats". Pas question donc, de se "mettre en scène de façon artificielle pour gagner un demi-point dans les sondages".

La majorité l'attend au tournant. Le discours que tiendra mercredi le Premier ministre a un petit air de "motion de rattrapage" vis-vis de sa propre majorité. Car Jean-Marc Ayrault le sait : il va devoir rassurer et remobiliser ses troupes.  Des visiteurs du soir décrivent à Libération un Premier ministre "à ne pas mettre sur un plateau de télévision, parce qu'il ne sait plus par quel bout prendre le truc". Des députés demandent aujourd'hui du neuf et du concret. "Ayrault n'a pas intérêt à nous ressortir le chapelet et la Sainte-Trinité pacte de compétitivité-emplois d'avenir-contrats de génération. Il faut des perspectives et des décisions", prévient un parlementaire, interrogé par Libération.