L’INFO. Le coup était brillant. En annonçant sa volonté de "remettre à plat la fiscalité" dans un entretien aux Echos, le 19 novembre dernier, Jean-Marc Ayrault avait bluffé ses ministres et ressoudé les socialistes. Sauf que depuis, le vent a tourné et François Hollande a repris la main sur ce dossier pour calmer les ardeurs de son Premier ministre.
>> Selon Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1, "petit à petit les socialistes réalisent qu’il va falloir remiser leur big-bang fiscal."
Les socialistes ont déjà compris. "On leur a donné une pilule de morphine mais là, les socialistes sont en train de se réveiller". Le constat émane d’un ténor du PS. A Bercy, la tonalité est la même : "ce n’est pas un traitement de cheval, c’est un sachet de thé qui va infuser lentement", glisse un proche de Pierre Moscovici. Chez "les enragés de l’impôt" - la formule est de François Hollande -, on s’agace et on ne veut pas se laisser voler le grand soir fiscal promis. Cette Gauche populaire a donc dégainé son communiqué pour se rappeler au bon souvenir du président et lui faire part de ses propositions ambitieuses. Mais personne n’est dupe au sein de la majorité : en sanctuarisant les réformes qui ont été menées sur le CICE ou le crédit impôt recherche, François Hollande a d’ores et déjà fixé des lignes rouges à ne pas franchir.
Et ensuite ? En habile politique qu’il est, François Hollande sait qu’il ne doit pas donner l’impression de désavouer son Premier ministre, ni de renier une de ses promesses de campagne. Alors ses amis s’activent déjà pour trouver une piste d’atterrissage honorable. Le premier acte de l’opération "enterrer la réforme sans que cela ne se voit trop" aura lieu mercredi prochain, jour où un comité de pilotage sera mis en place à l’Assemblée. L’objectif : tenir les débats des députés. Car comme le dit un socialiste : "la fiscalité, ce n’est pas un exercice de démocratie participative". Deuxième acte révu le 14 janvier, lors de la prochaine conférence de presse présidentielle. Comme le confie un proche du chef de l’Etat, ce dernier va poser ses dernières conditions et donc assécher encore le champ de la réforme : rien ne doit freiner la croissance et gêner l’entreprise. Le grand soir fiscal attendra.