La présentation mercredi du budget 2014 en Conseil des ministres n’est en fait qu’une étape pour Pierre Moscovici. Le ministre de l’Economie devra en effet défendre la loi de finances devant le Parlement à partir de la mi-octobre. Mais surtout, dès jeudi, il se rendra à Bruxelles pour ce qui a tous les airs d’un grand oral face à la Commission européenne. Et le ministre des Finances prépare avec le plus grand sérieux ce rendez-vous, qu’il sait être à haut risque. Le ministre des Finances le dit lui-même à Europe 1 : "ça va être musclé".
Un homme à convaincre : Olli Rehn. Face à lui, en guise de seul jury, Pierre Moscovici aura l’intransigeant Olli Rehn, vice-président de la Commission chargé des affaires économiques et monétaires. Il faudra impérativement pour le ministre français de l’Economie convaincre le tout-puissant et intransigeant Finlandais. Car si auparavant les Etats venaient présenter leur budget à Bruxelles par simple politesse, l’Europe s’est depuis dotée de nouvelles règles budgétaires. Et ll’avis positif de la Commission est indispensable pour valider un projet de budget. Et les contrevenants s’exposent à des sanctions économiques.
"Ça va coincer sur les retraites". Les deux hommes, toutefois, se connaissent bien. Ils se parlent souvent. Mais cette fois, l’entretien, qui devrait durer une heure, sera clairement des plus solennels. Et Pierre Moscovici sait bien sur quel sujet il aura du mal à convaincre. "Ça va coincer sur les retraites", prévient le ministre des Finances. L’Europe réclame en effet des réformes structurelles d’ampleur, et en la matière, elle trouve que cela ne va pas assez vite et pas assez loin en France.
L’argument des économies. Pour convaincre la Commission, Pierre Moscovici va développer à loisir son argument massue : la réduction des dépenses publiques. C’est sur ce point que le ministre compte montrer la bonne volonté de la France à respecter ses engagements. Deuxième argument sur lequel le ministre français compte s’appuyer : les efforts en direction des entreprises, pour ne pas augmenter le coût du travail. Ces deux éléments sont parait-il susceptibles de plaire au commissaire Rehn, d’obédience plutôt libérale.
Ça devrait passer… Au final, on voit mal comment la Commission peut aller jusqu’à humilier la France en retoquant son budget. Mais Pierre Moscovici n’y va pas pour autant la fleur au fusil. Aucune hypothèse n’est écartée à Bercy. Car à Bruxelles, l’habileté politique ne suffit pas toujours.