Etait-ce un discours de candidat à la présidence de l'UMP... ou de candidat à la présidence de la République ? Toujours est-il que lors de son premier meeting, jeudi à Lambersart, Nicolas Sarkozy est passé assez rapidement sur la situation de l'UMP. Devant 4.000 à 5.000 partisans, il a appelé au rassemblement pour s'adresser "à tous les Français", cherchant à donner l'impression d'être au-dessus de la mêlée. Manière de se poser comme le seul capable d'assurer l'unité du parti d'opposition.
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L'ancien président a toutefois donné un gage, et pas des moindres : "il y aura des primaires", a-t-il assuré. "Qui pourrait de bonne foi douter qu'il en soit autrement ?", a fait mine de s'interroger celui qui, en privé, se montrait encore récemment hostile à ce principe. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy n'a pas précisé s'il voulait que ces primaires soient ouvertes à l'ensemble des sympathisants de droite, ce que souhaite notamment Alain Juppé. Même si, dans l'entourage de l'ex-président, on affirme que "le principe des primaires, c'est l'ouverture".
Siffler la fin de la récré
Pour le reste, Nicolas Sarkozy s'est avant tout posé en homme providentiel pour l'opposition. Dénonçant les "querelles", les "disputes dérisoires" qui ont "ridiculisé notre famille politique ces deux dernières années", il a renvoyé l'impression d'un surveillant sifflant la fin de la récré. "L'impression de pagaille doit cesser, la cacophonie nous a rendu inaudibles, l'individualisme exacerbé a clairement montré ses limites. Maintenant c'est terminé !", a-t-il martelé.
Quant à ses rivaux, il les a cités comme s'ils étaient appelés à n'être que de simples auxiliaires. Comme lors de son interview de dimanche sur France 2, il a affirmé que la droite aurait besoin de "l'expérience et du talent" d'Alain Juppé et François Fillon (photo). Il a aussi loué les qualités de Bruno Le Maire, pourtant son "outsider" pour la présidence de l'UMP, entraînant un silence glacial dans la salle. En revanche, pas un mot à l'adresse d'Hervé Mariton, qui brigue lui aussi la tête du parti.
Dernier avatar de la stratégie visant à se poser en champion de la droite : Nicolas Sarkozy a consacré l'essentiel de son discours à dénoncer la politique de François Hollande et à formuler des idées plus ou moins précises. Comme si, finalement, il était déjà le leader désigné de l'opposition, en charge de porter le fer face à l'exécutif et de présenter un nouveau projet politique aux Français. Ceux qui, à droite, rêvent aussi de décrocher ce statut, apprécieront.