L’INFO. Les élections municipales, c’est déjà dans trois mois. Et avant même la tenue du scrutin, un gagnant semble se dessiner : l’abstention. A gauche, où on redoute une large défaite, cette situation inquiète en haut lieu. Selon Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1, François Hollande se tient en première ligne. "Ça l’intéresse dans les détails, mieux ça le passionne", assume-t-on à l’Elysée.
Un ministre bluffé par ses connaissances. Quand le président reçoit ses visiteurs du soir, une question revient désormais comme un leitmotiv : "comment ça va chez toi ?". Sa façon à lui de prendre le pouls du pays. Harlem Désir, patron contesté du Parti socialiste, reconnaît avoir de nombreuses discussions avec le président pour tenter de débloquer des situations ou de nouer des accords électoraux. Une spécialité hollandaise époque Premier secrétaire du PS. L’un des proches du président rappelle d’ailleurs que l’ancien taulier de la rue de Solferino est l’un des meilleurs connaisseur de la carte électorale.
Le pronostic "gris" de Hollande. Pour preuve, ce ministre bluffé par un François Hollande au courant de la situation politique à Issoudun, à La Châtre ou Le Blanc dans l’Indre, pas vraiment des enjeux majeurs du scrutin à venir…Comme Jacques Chirac ou François Mitterrand l’ont fait avant lui, le chef de l’Etat surveille tout depuis son bureau de l’Elysée. Rien ne lui échappe. Alors que l’UMP, qui rêvait d’une "vague bleue", a revu ses ambitions à la baisse et que le PS se reprend à espérer, François Hollande, lui, parie sur un résultat gris en juin prochain : un entre deux sans victoire de la droite, sans défaite de la gauche.
Il œuvre, mais dans l'ombre. Si le président se passionne pour la chose électorale, pas question pour autant de faire officiellement campagne. Mais difficile de ne pas voir un soutien officieux dans la prochaine visite du chef de l’Etat le président chez son ami Bernard Poignant (photo), à Quimper. François Hollande va évoluer sur un fil. Un de ses fidèles lui a adressé ce conseil : "ne rien faire qui pourrait être compris comme une manœuvre électoraliste, ce serait ravageur."
Ce que les socialistes attendent de leur chef, c’est surtout de tout faire pour regagner la confiance des Français, notamment en expliquant que les clins d’œil aux entreprises sont au service de l’emploi et non pas seulement des cadeaux aux patrons. L’exercice est délicat pour François Hollande, qui sait qu’il n’a pas grand-chose à gagner dans ce combat : si la gauche résiste, on dira que les barons du PS ont fait le job. Et si l’UMP remporte des villes d’importance, alors le coupable tout désigné sera ce président si impopulaire.