Le gouvernement est confronté à son premier grand défi après l’annonce, jeudi par PSA, de 8.000 suppressions de postes et de la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois, en Seine Saint-Denis. Face à un dossier aussi lourd, l’Elysée et Matignon semblent s’être répartis les rôles, chaque acteur adoptant un rôle et un ton bien défini.
Hollande, juge de paix en retrait
Même s’il n’est pas resté muet après l’annonce de Philippe Varin, le PDG du groupe PSA, François Hollande n’a pas non plus été des plus volubiles. "Le gouvernement a réagi comme il convenait avec la nomination d'un expert, la volonté de revoir ce qui a été présenté et d'avoir un plan pour l'industrie automobile qui sera présenté au mois de juillet", a sobrement réagi vendredi le président de la République.
"Ce n’est pas à moi de convoquer une réunion à l’Elysée. C’est le rôle des ministres concernés d’être totalement mobilisés", ajoute-t-il dans Le Monde daté de samedi. Et un de ses conseillers d’ajouter : "quand le navire traverse une tempête, on n’attend pas du capitaine qu’il coure de la proue à la poupe, descende à la cale et monte au mas de vigie. Ce n’est pas en se substituant à ceux qui sont faits pour occuper telle ou telle fonction qu’on résout les problèmes".
C’est donc à François Hollande qu’il revient de répartir les rôles, ce qu’il a fait dès jeudi matin. "Dès l'annonce du plan PSA ce matin, le président de la République s'est entretenu avec le Premier ministre et Arnaud Montebourg", a confirmé jeudi un membre de son entourage.
Ayrault, coordinateur de la crise
Dans cette répartition des rôles, qui contraste avec le précédent quinquennat, le Premier ministre est donc plus directement impliqué dans la gestion de crise. Ainsi, alors que François Hollande s’est contenté de fixer le cap, Jean-Marc Ayrault n’a pas hésité à hausser le ton et à interpeller PSA.
"Pourquoi cette situation s'est dégradée alors que l'Etat (...) a versé 4 milliards d'euros à ce groupe industriel. Quel a été le rôle de l'actionnaire notamment de la famille Peugeot ? Toutes ces questions, nous avons le devoir de les poser et nous attendons des réponses ", a lancé le Premier ministre, avant d’ajouter : "ceux qui ont des responsabilités doivent les assumer pleinement".
Montebourg, soldat envoyé en première ligne
Plus près du terrain mais aussi plus virulent, c’est évidement le ministre en charge de l’industrie, Arnaud Montebourg, qui s’active le plus. Ce dernier a ainsi sonné la charge dès jeudi soir sur France 2 en déclarant : "il y a, je crois, un devoir de Peugeot vis-à-vis de la nation France".
"Nous ne pouvons pas accepter aujourd'hui que des plans sociaux soient abusifs. Ils doivent être strictement proportionnés aux difficultés de l'entreprise", a poursuivi le ministre du Redressement productif, avant de conclure sur un ton martial : "le gouvernement veut la vérité".
En charge de l’animation offensive, Arnaud Montebourg n’a également pas hésité à sous-entendre que PSA pourrait être privé d’aides publiques s’il refuse toute concession. C’est aussi lui qui présentera le 25 juillet un "plan de soutien" à l'industrie automobile, le jour même où PSA doit annoncer les deux autres volets de son projet de redressement. La gestion en trois étage de la crise semble déjà rôdé.