2h49 d'audition. Le fondateur de Mediapart Edwy Plenel et le journaliste Fabrice Arfi, auteur de l'enquête sur l'ancien ministre du Budget, ont ouvert le bal, mardi, des auditions menées par la commission Cahuzac. Pendant six mois, députés et sénateurs vont tenter d'y voir plus clair sur l'action du gouvernement pendant cette affaire. Les travaux se concentreront sur la période du 4 décembre 2012, date des premières révélations de Mediapart sur le compte en Suisse de l'ancien ministre, au 2 avril 2013, date de sa mise en examen.
Que savait Moscovici ? C'est tout l'enjeu de cette première journée d'auditions. Edwy Plenel a commencé par rappeler que "des familles politiques étaient au courant de l'existence de ce compte" et que des membres de cabinets "de Matignon et de l'Elysée" l'avaient contacté pour en savoir plus. Le fondateur de Mediapart s'est ensuite interrogé sur le rôle de Pierre Moscovici. Le patron de Bercy a-t-il été naïf, amateur ou manipulé ?
Edwy Plenel résume : "pouvoir exécutif tétanisé, pouvoir législatif coalisé et pouvoir judiciaire immobile" dans l'affaire #Cahuzac— Hélène Bekmezian (@Bekouz) 21 mai 2013
L'avis d'Edwy Plenel. "La bonne foi n'exempte pas parfois de la maladresse, de la naïveté ou d'un mauvais fonctionnement de l'Etat. Je ne veux pas dire que M. Moscovici a été forcément complice d'une manoeuvre voulant absolument cacher la vérité, je dis néanmoins qu'il a mal travaillé !", a affirmé Edwy Plenel. Il y a "deux hypothèses : amateurisme ou légèreté, ou, seconde hypothèse, une instrumentalisation", a-t-il ajouté.
Les zones d'ombre. "L'une des questions que nous devrons trancher, c'est l'attitude du ministre de l'Economie", a relevé, avant le début des auditions, le député UDI Charles de Courson, qui préside la commission. "Notamment lorsque le directeur général des finances publiques a saisi les autorités helvétiques" pour l'interroger sur un compte de M.Cahuzac: "pourquoi est-qu'on a saisi uniquement sur la banque UBS ? Est-ce qu'à l'époque, il savait que la réponse ne pouvait qu'être négative ?", s'est interrogé le parlementaire.
L'avis de Fabrice Arfi. Sur cette question des demandes à la Suisse, le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi, à l'origine des révélations, est sans appel. "Les questions posées à l'administration fiscale suisse sont objectivement de mauvaise foi. Quand on cherche un compte (...) on ne cherche pas seulement M. Cahuzac en tant qu'ayant droit, on cherche autour, on cherche le gestionnaire de fortune, on cherche Reyl qui est cité, pour avoir la vérité", a t-il estimé.