Le coup de pression de Juncker. Jean-Claude Juncker, désigné par les dirigeants européens pour présider la future Commission européenne, se désole du peu de candidatures féminines pour les postes de commissaires. Au vu des intentions affichées par les gouvernements nationaux, il redoute en effet de se retrouver "avec seulement deux ou trois femmes" sur les 28 membres que compte la Commission européenne contre neuf dans l'équipe sortante.
Des carottes. L'ancien Premier ministre luxembourgeois demande donc aux Etats membres de lui soumettre une liste de deux ou trois candidats, avec obligatoirement une candidature féminine. Et pour mieux les convaincre, l''ancien président de l'Eurogroupe promet des postes. "Si les gouvernements proposent des femmes, leurs candidates auront plus de chance d'obtenir une vice-présidence et un portefeuille important", a fait savoir son entourage.
Les ex-commissaires femmes s'en mêlent. Les neuf commissaires européennes sortantes sont venues appuyer Jean-Claude Juncker, jeudi, dans un courrier envoyé au président de la Commission. Les membres féminines de la Commission actuelle "sont très inquiètes que la prochaine Commission ne compte pas suffisamment de femmes", a déclaré jeudi la commissaire à l'Education et la Culture, Androulla Vassiliou, au début d'un point de presse. "Nous avons donc décidé d'envoyer à Jean-Claude Juncker une lettre, qui doit être signée par toutes les femmes commissaires, lui demandant de nommer au moins 10 femmes dans la prochaine Commission", a-t-elle ajouté.
Le compte n'y est pas. Mais pour pouvoir nommer dix femmes dans la prochaine Commission, encore faudrait-il qu'il y ait suffisamment de candidatures, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. "Pour le moment, les personnalités pressenties sont essentiellement des hommes et l'équipe risque d'être composée de 26 hommes et 2 femmes, avec 10 candidats pour un grand poste économique", ironise une source proche de l'ancien Premier ministre. Pour le moment, les candidats connus sont des hommes. Jyrki Katainen (Finlande), Günther Oettinger (Allemagne), Radoslaw Sikorski (Pologne) et Johannes Hahn (Autriche). En France, Pierre Moscovici est bien placé, avec l'aval de l'Elysée. Seules deux femmes sont pressenties : la ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini et la commissaire bulgare sortante, Kristalina Georgieva.
Quel calendrier ?Désigné le 27 juin par les chefs d'Etat, Jean-Claude Juncker doit être confirmé par les eurodéputés mardi. Le nouveau président de la Commission européenne entamera alors les négociations avec les gouvernements sur la distribution des portefeuilles. Chaque candidat sera ensuite soumis à un examen de passage au Parlement européen, qui peut les recaler avant de voter la confiance pour l'ensemble de l'équipe en octobre. Or, c'est ce désaveu collectif que craint Jean-Claude Juncker.
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