Le contexte. Le "retocage" vendredi des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, pour cause de dépassement du plafond autorisé, n’est pas une première. Mais le fait est rare. Sous la Ve République, seuls deux autres candidats ont connu pareille mésaventure : Jacques Cheminade en 1995 et Bruno Mégret en 2002. A chaque fois, les deux hommes ont mis du temps à s’en relever.
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Cheminade et sa famille
Des prêts ou des dons ? Candidat surprise en 1995, Jacques Cheminade avait recueilli un petit 0,28% des voix au premier tour. Le candidat aurait donc eu droit à un remboursement de ses frais de campagne à hauteur d’un vingtième du plafond autorisé. Mais ses comptes n’ont pas été validés par le Conseil constitutionnel, organe de contrôle de l’époque. Les Sages avaient requalifié des prêts proposés par des particuliers en dons, au prétexte que ces prêts étaient sans intérêt. Or, en 1995, les dons de personnes physiques étaient limités à 30.000 francs (environ 4.600 euros), alors que le candidat avait touché 2.340.990 francs (près de 360.000 euros) de prêts gratuits.
Des conséquences, 17 ans après. Pour Jacques Cheminade, le coup fut très rude. Et 17 ans après, celui qui fut à nouveau candidat en 2012 assurait au printemps devoir encore 170.000 euros à l’Etat, qui lui avait octroyé une avance d'un million de francs (150.000 euros). L’homme a en outre subi en 1996 une saisie sur ses biens et son appartement a été placé en hypothèque légale en 1998, une hypothèque confirmée en 2010.
Et pendant ce temps-là, Chirac et Balladur… En 1995, deux autres comptes de campagne n’auraient pas dû être validés par le Conseil constitutionnel, et non des moindre. Jacques Chirac et Edouard Balladur ont tous les deux présenté un bilan sous-évalué. Pour les deux candidats, les Sages ont constaté un dépassement d’une dizaine de millions de francs, selon un ancien membre du Conseil constitutionnel, Jacques Robert. L’ex-Sage raconte que c’est le président de l’institution, l’ex-ministre socialiste Roland Dumas, qui a finalement poussé pour la validation des comptes, pour ne pas risquer l’annulation totale de l’élection.
Mégret et le coup de pouce de Vitrolles
Quand Mégret fait travailler Vitrolles. Candidat en 2002, trois ans après sa "félonie" à l’endroit de Jean-Marie Le Pen, Bruno Mégret recueille 2,34% des suffrages. Mais les comptes de sa campagne sont invalidés car Bruno Mégret a reçu l’aide du personnel communal de Vitrolles. A l’époque, la maire de la ville des Bouches-du-Rhône n’était autre que Catherine Mégret, l’épouse du candidat. Le Conseil constitutionnel note que le personnel a travaillé notamment à la collecte des parrainages "pendant ses heures de service".
Pour mémoire, un clip de campagne du candidat Mégret :
Une traversée du désert. Après la décision des sages, Bruno Mégret a crié à l’assassinat politique. De fait, le leader d’extrême droite et son mouvement, le MNR, n'ont jamais retrouvé le même niveau, même faible, qu’auparavant. Après avoir finalement rejoint le giron lepéniste en 2007, Bruno Mégret se met même en réserve de la vie politique. En août 2011, il annonçait son come-back en politique. On attend toujours.