L'INFO. Il a réussi à attiser la curiosité. En annonçant dimanche soir, de façon lapidaire, qu’il ferait "une déclaration solennelle" le lendemain matin au siège de l’UMP pour réagir aux révélations du Point, Jean-François Copé a laissé la porte ouverte à toutes les hypothèses, y compris sa démission. Mais après avoir dû retarder sa prise de parole en raison d’un souci technique, le président de l’UMP a finalement annoncé qu’il entendait déposer deux propositions de lois visant à améliorer la transparence des finances des partis politiques.
Des "méthodes dignes de l’inquisition". Depuis quelques jours, je fais l’objet d’une campagne de presse particulièrement agressive, je dirais même haineuse", a attaqué en préambule député-maire de Meaux. La cible est donc toute trouvée : les médias. "Depuis quelques jours, je dois faire face à des articles réalisés dans une sorte d’emballement déraisonné, et qui ne prennent plus la peine de respecter la moindre règle déontologique", a-t-il encore lancé, avant de parler de "chasse à l’homme", de "méthodes dignes de l’Inquisition", de "bûcher médiatique" ou encore de "lynchage public".
Deux projets de loi sur le bureau de l’Assemblée nationale. Mais, selon Jean-François Copé, la principale victime de cette "affaire", "ce sont les Français, qui regardent atterrés ce cirque médiatique. Pour eux, nous devons restaurer la confiance perdue." Et dans cette optique, le patron de l’UMP a annoncé son intention de déposer deux projets de loi sur le bureau de l’Assemblée nationale afin de "prendre au mot les donneurs de leçon de la meilleure manière, en faisant mien ces objectifs de transparence et de démocratie. Mais sur tout, et pour tous."
Une loi pour vérifier les comptes des dirigeants des médias. Après avoir promis que l’UMP mettrait à disposition "l’intégralité de sa comptabilité, des pièces comptables, des factures" dans une pièce sous scellés, Jean-François Copé a estimé que son parti ne devait pas être le seul à jouer le jeu de la transparence. "Je déposerai sur le bureau de l’Assemblée nationale une proposition de loi très simple. Elle demandera à chaque parti ayant des représentants nationaux ouvrant droit à un financement public de mettre à la disposition de ceux qui le souhaitent les documents comptables de leurs partis, et ce depuis 2007".
Mais histoire de ne pas oublier ces médias qui se livrent "à une chasse à l’homme", le patron de l’UMP - qui devrait porter plainte mardi contre Le Point, selon Jérôme Lavrillieux, son directeur de cabinet -, a également annoncé son intention de déposer un texte obligeant les "principaux dirigeants et salariés des médias" bénéficiant d'aides ou de fréquences attribuées par l'Etat à se soumettre aux mêmes contrôles que ceux imposés aux parlementaires. Sa proposition de loi doit prévoir la mise en place d'une autorité indépendante chargée d'appliquer ces nouvelles règles.
La gauche se gausse. La majorité n'a pas mis bien longtemps à réagir à ces deux propositions. Le patron du PS Harlem Désir a estimé que Jean-François Copé, accusé de favoritisme au détriment des finances de son parti, avait choisi d'éluder l'affaire. "M. Copé, au lieu de répondre sur le fond, finalement esquive et parle d'autre chose", a déclaré le Premier secrétaire.
Quand je pense qu'on vient de voter une loi sur la transparence, c'est ballot que #Copé n'ait pas pensé à faire un amendement— laurence rossignol (@laurossignol) 3 Mars 2014
Transparence sous scellée.Seule conséquence immédiate de la déclaration de Copé :personne n'aura accès aux comptes de l'UMP même en interne— David Assouline (@dassouline) 3 Mars 2014
RÉACTION - Affaire Copé : en parler "plus tard et en interne" dit Fillon
ON VOUS RÉSUME - Une du Point : ce qu'on sait sur "l'affaire Copé"
INTERVIEW E1 - Copé dénonce une "grossière manipulation"
INTERVIEW E1 - Woerth : Le Point "en veut" à Copé