L'INFO. C'était le grand jour pour Manuel Valls. A 15 heures, le Premier ministre s'est lancé dans son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale. Et il a, comme prévu, obtenu la majorité. Mais il espérait certainement faire mieux. L'Assemblée nationale lui a accordé sa confiance par 269 voix, soit une majorité nettement plus faible que celle de 306 voix accordée à son premier gouvernement il y a cinq mois. Quelque 53 députés se sont abstenus et 244 ont voté contre. "Grâce à ce vote, les parlementaires ont décidé de poursuivre la route jusqu'à la fin du quinquennat et de la législature", a réagi Manuel Valls dans l'hémicycle.
Se sent-il en sursis avec cette hausse des abstentions au sein de sa famille ? "Pas du tout ! Ma priorité ce sont les Français, pas des comptes d'apothicaire. Il y a une majorité, et il n'y a pas de majorité alternative", a-t-il assuré lors du JT de 20 heures de TF1.
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>> Combien d'abstentionnistes au PS ?
Le groupe socialiste, républicain et citoyen compte 289 députés depuis le départ de Thomas Thévenoud, absent ce mardi à l'Assemblée nationale. Les frondeurs avaient annoncé "une abstention collective". De 11 abstentions en avril dernier, on estimait donc que le Premier ministre aurait cette fois droit à une bonne trentaine de votes de défiance. Son discours a-t-il fait la différence ? Toujours est-il que la défiance des élus PS s'est avérée (presque) aussi forte qu'annoncée, avec 31 élus frondeurs au PS.
Mais quelques instants après la proclamation des résultats par Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, Linda Gourjade députée du Tarn,a fait savoir que son intention était de s'abstenir. C'est donc finalement 32 élus PS qui ont refusé de soutenir le Premier ministre.
Avec le correctif ce sont bien 32 députés socialistes qui se sont abstenus #DPG#DirectANpic.twitter.com/tgVzHt0V7M— Elisa Bertholomey (@ebertholomey) 16 Septembre 2014
>> Les écologistes se sont abstenus
Réunis mardi matin, les 18 élus écolo ont décidé de s'abstenir, ce que Barba Pompili, leur chef de file, a annoncé à la tribune de l'hémicycle avant même le vote : "notre vote d'aujourd'hui sera à l'image des sentiments de celles et ceux qui nous ont fait confiance en juin 2012 : un vote de doute, un vote de désappointement, un vote d'espoir incrédule qui ne demande qu'à être réveillé", a lancé l'élue de la Somme. Pour mémoire, ils étaient une dizaine à avoir accordé leur confiance à manuel valls en avril dernier.
>> UMP et Front de gauche ont voté contre
Le chef de file des députés Front de gauche, André Chassaigne, a qualifié de "déclaration de défiance à l'endroit du peuple" le discours de politique générale de Manuel Valls, en confirmant que lui et ses amis ne voteraient pas la confiance. Le député communiste du Puy-de-Dôme s'est livré à un réquisitoire de la politique gouvernementale, y compris en Irak.
Christian Jacob, dans un discours beaucoup plus court que prévu - 25 minutes au lieu de 50 -, a lui aussi étrillé la politique du gouvernement : "si aujourd'hui, votre sort était entre les mains des Français, vous seriez sans doute renvoyé chez vous". Et, fort logiquement, les 191 élus du principal parti d'opposition, ainsi que les 8 députés apparentés, ont voté "contre".
>> Le plus faible nombre de votes favorables depuis 1986
Le gouvernement Valls II a obtenu la confiance avec le plus faible nombre de voix favorables depuis 1986, année où le nombre de députés a été porté à 577. Avec 269 voix, jamais un Premier ministre n'avait ainsi depuis 28 ans recueilli aussi peu de suffrages de députés.
Cependant, compte tenu du nombre important d'abstentions (53), l'écart entre les votes pour et contre a atteint mardi 25 voix. En avril 1986 sur son discours de politique générale, Jacques Chirac avait obtenu la majorité avec seulement 7 voix d'avance (292 contre 285).