Comment concilier le besoin de sécurité après les attentats du mois de janvier et la nécessité de ne pas trop dépenser ? C’est la très épineuse question à laquelle va devoir répondre François Hollande, mercredi matin. A l'issue d'un Conseil de défense réunissant les principaux responsables politiques et militaires, le président devra décider d’accroître ou non les dépenses militaires avec l'objectif de pérenniser un dispositif mobilisé dans l'urgence après les attaques djihadistes des 7, 8 et 9 janvier à Paris.
Deux visions s’affrontent. Dans ce dossier, deux camps s’opposent : la Défense et Bercy. D’un côté, la Défense veut avoir les moyens de poursuivre ses actions sur le terrain. En face, Bercy veut dépenser le moins possible. "Un tel conflit entre les deux ministères est assez courant", précise-t-on du côté de l’Elysée. "On va trouver une solution", minimise-t-on à Bercy. A la Défense, le camp de Jean-Yves Le Drian ne cache pas les différends et veut l’argent et tout de suite.
Combien manque-t-il ? François Hollande devrait allouer mercredi des moyens supplémentaires aux Armées face à la menace terroriste qui impose une révision de la Loi de programmation militaire 2014-2019. Selon nos informations, la fourchette varie beaucoup, entre 3 et 8 milliards d’euros. Il faut en effet financer toutes les opérations non prévues lors de l’élaboration de la loi de programmation militaire, comme la guerre que mène actuellement la France en Centrafrique.
Il y a aussi toutes les mesures de sécurité adoptées dans le pays après les attentats de Paris. Après ces terribles drames, François Hollande avait réclamé de pouvoir disposer d'une force permanente de 7.000 militaires pour contribuer à la sécurité sur le territoire national en soutien des forces de police. Pour répondre à cette demande, le ministère de la Défense met en avant le ratio classique "trois hommes pour un" sur le terrain. Votée en 2013, la Loi de programmation militaire prévoyait à l'origine la suppression dans les Armées de 34.500 emplois, au rythme notamment de 7.500 en 2015, 2016 et 2017. Mais ce rythme n'est plus tenable avec l'importance qu'a pris la menace terroriste. La Défense veut donc garder 18.500 emplois sur les 34.500 au total qui devaient être supprimés.
Un manque à gagner de 2 milliards. A toutes ces dépenses, s’ajoute une mauvaise nouvelle. La Défense devait récupérer deux milliards d’euros de la vente de fréquences aux opérateurs téléphoniques mais cette cession semble finalement compromis. François Hollande va donc devoir décider si toutes ces dépenses sont tenables et trouver des solutions pour les financer.
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