Qu’il est loin le temps du débat télévisé, où ni Jean-François Copé ni François Fillon n’osaient dire du mal l’un de l’autre. Moins de trois semaines après leur bien fade échange sur France 2, les deux candidats à la présidence de l’UMP ont remisé le pacte de non-agression au placard. Alors qu’ils avaient jusqu’alors délégué les attaques ad hominem à leurs soutiens respectifs, ils sont eux-mêmes montés, au cours du week-end, au front.
Fillon tire le premier. Fait inhabituel, c’est François Fillon qui a décoché la première flèche. Sortant pour l’occasion de sa posture tout en réserve, l’ancien Premier ministre s’en est vertement pris à son adversaire à l’occasion d’une interview donnée au Parisien. "Rechercher le buzz à tout prix, en parlant par exemple de viennoiseries... Ça peut éventuellement marcher de façon immédiate, mais pas sur le long terme", estime ainsi le député de Paris dans une référence à l’histoire du pain au chocolat de Jean-François Copé.
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"Cliver pendant la campagne pour ensuite essayer de tendre la main à tous les Français, c’est un peu facile. Moi, je ne tiens pas de double discours", poursuit François Fillon, évoquant aussi implicitement le risque de fraude. "Dans le passé, nous n’avons pas toujours été exemplaires en matière de transparence démocratique. J’espère que les vieilles habitudes ont été oubliées", lâche-t-il.
Pourquoi tant de haine, pourrait s’interroger un partisan un brin candide de Jean-François Copé. C’est que selon l’entourage de François Fillon, le secrétaire général de l’UMP a dépassé les bornes à plusieurs reprises, notamment en meeting. "Si vous voulez un type qui passe au 20-Heures deux minutes tous les six mois, ne votez pas pour moi", a notamment lancé le député-maire de Meaux lors d’un rassemblement.
En outre, François Fillon accuse son adversaire d’utiliser sans vergogne les moyens de l’UMP. "Je ne suis pas exempt de critiques sur la manière dont le secrétaire général de l’UMP mène la campagne avec les moyens du parti", glisse-t-il ainsi au Parisien. Dernier exemple en date : afin de commenter le rapport Gallois, les "fillonistes" ont été obligés de louer une salle à leurs frais. Alors que Jean-François Copé n’a pas lui hésité à revêtir son costume de secrétaire général de l’UMP pour répondre aux journalistes.
La riposte de Copé. Le député-maire de Meaux n’est pas du genre à tendre l’autre joue. Jean-François Copé a profité de son passage dimanche au Grand rendez-vous d’Europe1/iTélé/ pour répliquer. "Je n’entrerai pas sur la forme, sur ces mots qui me paraissent déplacés, qui même parfois me laissent à penser que je ne reconnais pas François Fillon dans cette tonalité", a déclaré Jean-François Copé, drapé dans une posture de victime incrédule. Mais "je ne veux pas polémiquer là-dessus", a-t-il ajouté. "C'est à lui qu'il faut poser la question de la raison de ses emportements."
L’impossible entente. Cet échange d’amabilités pose surtout la question de l’après. Désormais, la réconciliation entre les deux adversaires semble difficile. "Entre les deux équipes, ce ne sera pas un problème, il n’y a pas eu de rupture. Mais en revanche, aucun des deux rivaux n’acceptera d’être dans l’équipe exécutive de l’autre", glissait dimanche à Europe 1 l’un des lieutenants de Jean-François Copé.
Car la détestation est devenue trop forte entre les deux hommes, qui ne se parlent plus depuis longtemps. La semaine dernière, lors des problèmes de santé de François Fillon, les amis de Jean-François Copé lui ont conseillé de l’appeler. Le député-maire de Meaux s’est finalement contenté d’un message téléphonique. Et comme le dit un de ses proches : "c’était déjà un effort surhumain."