"Il est des quartiers où les enfants ne peuvent pas manger leur pain au chocolat car c'est le ramadan". Cette phrase prononcée par Jean-François Copé, vendredi soir, lors d’un meeting à Draguignan a suscité nombre de critiques et commentaires, y compris à l’UMP, en pleine course à la présidence. François Baroin a ainsi jugé que "toutes ces petites phrases sont toxiques et dangereuses". Alain Juppé a quant à lui estimé que les propos de l’élu de Meaux ne vont "pas dans la bonne direction".
>> A quoi joue Jean-François Copé dans cette affaire ? Le point de vue du politologue Pierre Bréchon.
Comment expliquez-vous la sortie de Jean-François Copé ? C’est assez clair. Il faut écouter cela à l’aune de la campagne interne qui se joue à l’UMP. Jean-François Copé est un homme rationnel, qui sait qu’il est, actuellement, en position d’être battu. Il se doit donc de tenter quelque chose pour se relancer et croire encore à ses chances.
Cela rappelle la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy… C’est exactement ça : Copé fait du Sarkozy dans le texte. Comme l’ancien président l’a fait avant lui [dans la dernière ligne droite de sa campagne présidentielle, NDLR], Jean-François Copé tente de jouer sur la peur de l’islamisme pour combler son retard. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs partiellement réussi puisqu’en adoptant cette stratégie "à droite toute", il est passé d’un retard de 7 à 8 points quelques semaines avant le scrutin, à moins de 1,5 point au soir du 6 mai. Attiser les peurs n’est donc pas toujours une mauvaise stratégie…
On peut donc s’attendre à le voir continuer ainsi ? Absolument, car il n’a plus le choix. Ce n’est d’ailleurs pas anodin qu’il fasse cette sortie quelques jours après la sortie de son livre, et la polémique sur "le racisme anti-blanc" qui a suivi. Il va enfoncer le clou car il a bien compris - et des enquêtes d’opinion le prouvent -, qu’une frange importante de l’électorat UMP est de plus en plus proche idéologiquement du Front national. C’est une stratégie à double tranchant. Il clive au sein de l’UMP, se démarque de Fillon. Mais on sait que Nicolas Sarkozy, avec cette stratégie droitière, a perdu gros au centre. Donc Jean-François Copé pourrait à son tour effrayer certains modérés de son camp…
>> "Jean-François Copé va mettre du temps à digérer ce petit pain au chocolat", analyse Caroline Roux dans son éditorial politique :