Organisation et répartition des forces de sécurité à améliorer, utilisation discutable des statistiques sur la délinquance, anticipation insuffisante des baisses d'effectifs et de budgets… En publiant jeudi un rapport très sévère pour le ministère de l’Intérieur, la Cour des comptes a provoqué la "colère" du patron de la place Beauvau, Claude Guéant, et ouvert la porte à une avalanche de réactions.
"Le symbole de l’échec" de Sarkozy
Ce rapport "fait l'effet d'une véritable ‘bombe’ dans le jardin de Nicolas Sarkozy, tant il remet en cause l'efficacité de la politique de sécurité publique menée depuis 2002", a réagi Claude Bartolone, député PS de Seine Saint-Denis.
"Hier sésame électoral du président de la République, la sécurité est aujourd'hui le symbole de son échec", a ajouté le président du Conseil général de l'un des départements les plus sensibles de France mais pas forcément le mieux doté en effectifs policiers. "Il est temps que les Français comprennent que depuis neuf ans ces gens sont en situation d'échec", a renchéri le député socialiste Jean Mallot.
"La Cour des comptes vient de démonter le mythe"
Un concert de critiques auquel s’est jointe Marine Le Pen, présidente du Front national. Ce rapport "rétablit la vérité et démolit la stratégie de communication de Nicolas Sarkozy, qui tente depuis des années qu'il s'occupe de sécurité de masquer ses terribles échecs par des mots et des discours", a-t-elle estimé.
Pour Europe Ecologie-Les Verts, "depuis 2002, la droite a basé sa communication sur son bilan en matière de sécurité. La Cour des comptes vient de démonter le mythe et montrer la faillite de sa politique".
La majorité y voit "un tract du PS"
Côté majorité, on dénonce un rapport partisan qui constitue une entorse au principe de neutralité de la Cour des comptes. Le député UMP Bernard Carayon a ainsi estimé que le texte n'était "pas un rapport, mais un tract du PS". "Ce n'est pas un rapport totalement objectif", a ajouté le patron de l'UMP Jean-François Copé.
"Les rapports de la Cour des comptes donnent lieu à des réponses des ministres qui peuvent contester certaines affirmations mais ce que nous regrettons, c'est que le rapport ne mette pas suffisamment en perspective les résultats de la politique du gouvernement", a regretté la nouvelle porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse.
"C'est un travail honnête qui est fait et rigoureux", a en revanche nuancé le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Ollier. Et le compagnon de Michèle Alliot-Marie d'ajouter : "monsieur Migaud est un homme honnête, rigoureux et compétent. Je n'imagine pas un instant qu'(il) se livre à des jeux politiciens là ou il est... parce qu'il n'est pas tout seul. La Cour, c'est un ensemble de magistrats qui, d'une manière collective, apprécie les efforts réalisés dans le cadre des comptes de la Nation".