Croissance, déficit... Les temps économiques sont durs pour le gouvernement. La journée de mardi aura vu tour à tour François Hollande et Jean-Marc Ayrault admettre que deux objectifs majeurs, celui du déficit public à 3% du PIB et celui d’une croissance à 0,8%, ne seront pas tenus en 2013. Le tout marqué par un cafouillage gouvernemental dont le Premier ministre se serait sans doute bien passé.
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… Et "rigueur". Alors à droite, on tire à tout-va, et on prononce le mot honni par tous les gouvernants : rigueur. Car une croissance moindre entraîne forcément un manque à gagner, et de nouvelles économies à trouver. "On va évidemment devoir économiser 5, 6, 7 milliards de plus. Il faudra que le gouvernement nous dise comment on fait ces économies", s’est interrogé par exemple sur Europe 1 Eric Woerth, ancien ministre du Budget. "Jean-Marc Ayrault fait tout pour éviter le terme de rigueur. Remarquez, on l’avait fait aussi. Mais il nous l’avait beaucoup reproché", a aussi glissé le député de l’Oise.
>>> Jean-Marc Ayrault a profité des questions au gouvernement pour répondre. Et contre-attaquer.
"C’est votre responsabilité". Profitant d’une question d’un député PS, Jean-Marc Ayrault a donc choisi l’offensive. "Je demande un peu de modestie à la droite. 5,2% de déficit, c'est ce que vous nous aviez laissé. Si nous n'avions rien fait, nous étions à 6%", a lancé le Premier ministre. "C'est votre responsabilité d'avoir augmenté la dette de 600 milliards, c'est votre responsabilité d'avoir augmenté le chômage d'un million de chômeurs en cinq ans, c'est votre responsabilité d'avoir laissé un commerce extérieur en déficit de 70 milliards", a –t-il enchaîné. "C'est votre responsabilité d'avoir détruit l'appareil productif de notre pays avec 750.000 emplois (perdus)", a-t-il poursuivi. "Comment pouvez-vous vous permettre de nous faire la leçon, vous qui portez dix ans de politique de droite, de régression, d'injustice?"
Aux députés de mouiller la chemise. Jean-Marc Ayrault en a aussi appelé aux députés pour qu’ils promeuvent le Pacte de compétitivité et ses mesures, comme le crédit d'impôt. "Vous l'avez voté, eh bien il faut que les entreprises l'utilisent", a lancé le Premier ministre. "J'appelle chacune et chacun et vous-mêmes les parlementaires pour aller devant les entreprises et leur dire: ‘Vous avez ce crédit (d'impôt), vous avez ce plan. Qu'en faites-vous pour la croissance, pour l'investissement, pour l'emploi ?’"
Même pas peur. Enfin, Jean-Marc Ayrault a redit son impatience de ferrailler avec l’opposition à l’occasion de la motion de censure que défendra Jean-François Copé dans la deuxième quinzaine du mois de mars. "Mesdames et messieurs les députés de l'opposition, j'attends votre motion de censure avec impatience. Ce sera bilan contre bilan, projet contre projet", a-t-il tonné, déclenchant une standing ovation des députés de gauche.