Il l'a brandi comme un texte sacré. Lors de son interview dimanche soir sur TF1, Dominique Strauss-Kahn a affirmé que le rapport du procureur Cyrus Vance avait mis en exergue les mensonges de son accusatrice, Nafissatou Diallo. Une affirmation qui n'est pas tout à fait exacte si l'on s'en réfère au document de 25 pages. Ce texte, rendu public le 23 août, explique pourquoi le procureur a demandé l'abandon de toutes les charges contre l'ancien patron du FMI, qui était notamment poursuivi pour agression sexuelle et tentative de viol.
Les mensonges de la femme de chambre
Les affirmations de DSK : Nafissatou Diallo a menti sur tout, pas seulement sur son passé, elle a menti sur les faits", a soutenu l'ancien directeur du Fond monétaire international.
Le rapport dit "Nafissatou Diallo a menti sur tout, pas seulement sur son passé, elle a menti sur les faits", a affirmé dimanche Dominique Strauss-Kahn.
Les affirmations du rapport : Le rapport relève effectivement les nombreux mensonges de la femme de chambre guinéenne "dans presque tous ses entretiens avec les procureurs". Le rapport précise que ces mensonges portent sur son passé, et sur les événements "entourant" l'agression supposée (page 2). Il précise qu'elle a donné trois versions de ce qu'elle a fait immédiatement après sa rencontre avec DSK et précise: "ces récits différents rendent difficile d'établir ce qui s'est passé dans la période critique entre 12h06 et 12h26" (ndlr heure de l'agression présumée) (page 13).
"La nature et le nombre des mensonges de la plaignante nous rendent incapables de créditer sa version des événements au delà d'un doute raisonnable, quelle que soit la vérité sur (sa) rencontre" avec Dominique Strauss-Kahn, ajoute le rapport (page 2).
Ce qui s'est passé dans la suite 2906 du Sofitel
Les affirmations de DSK : "Ce qui s'est passé ne comprend ni violence, ni contrainte, ni agression, ni aucun acte délictueux, c'est le procureur qui le dit", a affirmé DSK.
Les affirmations du rapport : Le rapport indique que "les éléments physiques, scientifiques et autres établissent que l’accusé a engagé un acte sexuel précipité avec la plaignante, mais n’établissent pas de manière indépendante (l') affirmation (de Nafissatou Diallo) d’une rencontre forcée et non consensuelle" (page 1).
"Tous les éléments qui seraient utiles (pour répondre à) la question d'une relation forcée ou non consensuelle ne sont pas concluants" (page 3).
L'abandon des charges
Les affirmations de DSK : "Elles ont été abandonnées parce qu'il n'y avait pas lieu de poursuivre", a déclaré DSK. "Le procureur a dit puisqu'il n'y a plus aucune accusation qui tienne, ni preuve matérielle, ni déclaration crédible, alors on ne peut que renoncer".
Les affirmations du rapport : Le rapport est lui beaucoup plus nuancé. "Notre inquiétude sur l'honnêteté de la plaignante rend impossible de répondre à la question de ce qui s'est exactement passé dans la suite de l'accusé le 14 mai (...)".
"Si nous ne la croyons pas au-delà d'un doute raisonnable, nous ne pouvons pas demander à un jury de le faire" (page 2), indique le rapport, en précisant que les principes du bureau du procureur "sont clairs: si après une vérification méticuleuse des faits, le procureur n'est pas convaincu qu'un accusé est coupable au-delà du doute raisonnable, alors il doit refuser de continuer".
La théorie du complot
Les affirmations de DSK : "Je vous donne un exemple de zone d'ombre : à la page 12 de (son) rapport, le procureur (Cyrus Vance) dit que des informations ont été données à Kenneth Thompson, l'avocat de Nassifatou Diallo, sur les circulations dans l'hôtel. Et il dit +ce n'est pas nous, procureur, qui les avons données+...", précise l'ancien maire de Sarcelles. Dominique Strauss-Kahn s'appuie sur la page 12 du rapport du procureur.
Les affirmations du rapport : En bas de ce texte, une mention sans commentaire sème le trouble."Quelqu'un" a donné aux avocats de Naffisatou Diallo le relevé électronique des heures précises où la femme de chambre est entrée dans la chambre 2820, proche de celle de Dominique Strauss-Kahn et dans celle de DSK.
"Ça veut dire qu'il y a eu des complicités, notamment au Sofitel?", l'interroge alors Claire Chazal. "Quelqu'un a bien dû les donner parce que moi je les avais demandées, ces informations, et elles m'ont été refusées. Et je voudrais bien savoir pourquoi on a choisi d'aider celle qui m'accusait et pas de collaborer avec moi", lui répond son invité.