L'info. "Mon cœur, mon esprit, mon âme vont plutôt vers la victoire de Marine." En 2011, Jean-Marie Le Pen prenait fait et cause pour sa fille contre Bruno Gollnisch. Pas question que la présidence du FN ne tombe dans les mains d'un "non Le Pen", quand bien même il fût un compagnon de longue date. Mais depuis que Marine Le Pen a été élue à la tête du parti en 2011, les relations entre le père et la fille se sont dégradées. L'interview de Jean-Marie Le Pen à Rivarol, qui a poussé Marine Le Pen à envisager des sanctions, en est le dernier acte. Europe 1 vous en rappelle quelques précédents.
Avril 2011 : l’exclusion d'Alexandre Gabriac. Mercredi 27 avril 2011. Marine Le Pen annonce l'exclusion d'Alexandre Gabriac, contre l'avis de la commission des conflits du parti, qui préconisait un simple "blâme". Ce jeune élu frontiste avait créé la polémique entre les deux tours des élections cantonales pour une photo le montrant faisant le salut nazi. La toute nouvelle présidente du FN a voulu affirmer son autorité. Ce qui n'a pas plu du tout à son père. "Je pense que c’est une réaction rapide et qu’elle ne possédait peut-être pas tous les éléments d’information", avait contesté le fondateur du FN sur LCI, ajoutant que sa fille, alors en vacances en Asie, devrait reconsidérer sa position. Réplique de cette dernière à son retour : "La commission des conflits a fait preuve d'indulgence, mais elle a un avis consultatif et c'est la présidente du Front national qui a la décision dernière. Ma décision a été prise". Dont acte.
Octobre 2014 : le doberman et le chat. Si les tensions entre Marine Le Pen et son père se font de plus en plus fortes en cette année 2014, leurs animaux leur emboîtent visiblement le pas. Le doberman du patriarche n’a fait qu’une bouchée d’une des chattes bengalaises de sa fille. Elle qui pensait déjà déménager depuis quelque temps plie bagage plus rapidement que prévu. Elle quitte la demeure familiale de Saint-Cloud pour emménager à La Celle-Saint-Cloud.
Juillet 2014 : La "fournée" de Bruel. L’histoire marque un vrai tournant dans les relations entre le père et sa fille. Tout commence par une vidéo de Jean-Marie Le Pen postée dans son journal de bord et publiée sur le site du FN. Le président d’honneur du parti s’en prend aux artistes qui ont vilipendé le FN lors des élections européennes et lâche sur Patrick Bruel, de confession juive” : “la prochaine fois, on fera une fournée”. Deux jours plus tard dans une interview au Figaro, Marine Le Pen condamne la faute politique de son père. C’est la première fois qu’elle prend ses distances aussi clairement. La semaine suivante, la réponse de son père est glaciale. Il dénonce dans une lettre ouverte à sa fille une “sanction injuste”.
Novembre 2014 : le changement de nom. S’il y a une chose sur laquelle Jean-Marie Le Pen est inflexible, c’est bien le nom de son parti. Alors lorsque sa fille estime publiquement que le changement de nom n’est pas “tabou” et que la question “mérite d’être posée”, son père monte au créneau. Il juge l’idée “complètement débile” voire même “scandaleuse et indécente”.
Avril 2015 : la goutte d’eau ? C’est une vieille affaire qui marquera peut-être un point de non-retour dans les relations du père et de sa fille. Vingt-huit ans après le scandale de ses propos sur les chambres à gaz, Jean-Marie Le Pen récidive sur BMTV . Selon lui, elles ne sont qu’un point de détail dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Réaction immédiate de sa fille sur Europe 1 le lendemain : la présidente du FN explique être “en profond désaccord, sur le fond comme sur la forme”. Quatre jours plus tard, la secousse est bien plus violente. Dans une interview au journal d’extrême-droite Rivarol, Jean-Marie Le Pen se lâche. Le président d’honneur du FN défend le maréchal Pétain mais s’en prend aussi à Manuel Valls et à ses origines espagnoles. Dans un communiqué, la réponse de sa fille est particulièrement violente. “Jean-Marie Le Pen semble être entré dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique”, écrit-elle. Elle prend aussi clairement position contre sa candidature en Paca aux élections régionales de décembre prochain. .
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