Georges Pompidou, "avec tout son cœur d’homme". Le 15 juin 1969, il remporte le second tour de l'élections présidentielle, organisée par anticipation après la démission du général de Gaulle. Quelques mois plus tard, il doit donc se livrer à l’exercice des vœux présidentiels, initié par son prédécesseur. Assis dans son bureau de l’Elysée, sa " première pensée va à tous ceux qui ne pourront pas participer à la joie générale."
Solennel, mais avec toutefois un léger sourire en coin, Georges Pompidou, "avec tout son cœur d’homme", souhaite "une bonne année" 1970 aux Français, en espérant qu’elle apporte "santé, bonheur familial, succès dans les études ou dans le travail." Et pour la France, le président espère "la paix" et "le renouveau". Avant de conclure, après un peu moins de quatre minutes de discours, le plus expéditif de la 5e République : "Françaises, Français, ayons confiance ! Que l’an nouveau soit celui de l’espérance !"
Valéry Giscard d'Estaing et "l’année de la fraternité française". Le plus jeune président de la République veut innover, "décrisper" la politique. Alors à la veille de Noël 1974, il invite les éboueurs du Faubourg-Saint-Honoré à partager son petit déjeuner à l’Elysée. Quelques jours plus tard, ces vœux seront eux aussi différents. Après un prélude musical d’une petite trentaine de secondes, il apparaît en effet assis, au coin du feu. "Bonne année pour chacune et chacun de vous", attaque le chef de l’Etat, avant d’essayer de vendre au mieux son discours : "pendant les quelques minutes où je vais vous parler, je ne voudrais ni vous ennuyer, ni vous attrister", promet-il.
Mal à l’aise sur sa chaise, agitant sans cesse les mains, Valéry Giscard d'Estaing est d’abord brièvement revenu sur ses premiers pas au pouvoir, avant de souhaiter que 1975 soit "l’année de la fraternité française", thème qu’il développera tout au long de ses 11 minutes d’allocution. VGE a également exprimé exprime le souhait d’aller "dîner périodiquement chez les Français." Et de conclure, le visage toujours aussi fermé : "adieu donc 1974 et salut à toi 1975". "Ne pas vous ennuyer", promettait-il. Raté.
François Mitterrand, "que l’espoir et la volonté inspire notre action". Retour au classicisme pour le socialiste, qui trône derrière son bureau élyséen, sous les ors de la République. Principale nouveauté : pour la première fois de l’histoire, les vœux du chef de l’Etat sont sous-titrés pour les malentendants. "Chacun sait que 1981 aura été l’année du changement, que la France a voulu, et que son peuple m’a chargé de conduire", assure-t-il d’emblée, avant de faire le bilan des réformes menées depuis son arrivée au pouvoir, martelant ses propos avec ses deux poings joints : nationalisations, augmentation des bas salaires, du minimum vieillesse, de l’allocation logement, des aides familiales, impôt sur les grandes fortunes etc. Une allocution d’un peu moins de 11 minutes aux airs de discours de politique générale. "Tous ensemble, vous êtes la France, et je vous redis bonne année ! Que l’espoir et la volonté inspire notre action." Et La Marseillaise de retentir.
Jaques Chirac, "nous sommes sur le bon chemin". Comme François Mitterrand, Jacques Chirac, cadré serré par la caméra, costume gris sur chemise blanche, s’exprime en ce 31 décembre 1995 assis, depuis son bureau de président. La crise - "qui a pu éveiller chez certains quelques doutes par rapport aux espoirs que mon élection à fait naître. Eh bien non ! Ces espoirs ne seront pas déçus" - s’invite dans la bouche du président, qui promet aux Français une série de réformes.
"Je souhaite que l’année 1996 soit celle d’un engagement collectif et négocié pour l’aménagement et la réduction du temps de travail", assure-t-il dans ce style qui lui est si propre. Après avoir vanté l’image de la France dans le monde, rappelé son passé glorieux, Jacques Chirac, souriant, a souhaité "simplement et chaleureusement, une bonne année, sereine, heureuse. Nous sommes au début du chemin, mais nous sommes sur le bon chemin."
Nicolas Sarkozy, "rendre la fierté d’être Français". Il a érigé la rupture en vertu cardinale. Alors ses premiers vœux ne pouvaient y échapper. Fait inédit, c’est en direct que le président s’exprime, une façon de faire "plus proche, plus vivante", explique son entourage. Pour la première fois également, son discours sera traduit en langage des signes. Pour le reste, comme ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy est assis à son bureau et attaque son discours en assurant - un grand classique -, que sa première pensée va à ceux qui sont dans le besoin ou la difficulté.
Volontariste comme il sait l’être, à l’aise dans son expression orale, expressif avec ses mains, Nicolas Sarkozy promet, avec son ensemble de réformes, "de rendre la fierté d’être Français". Son vœu le plus cher ? "Je souhaite du fond du cœur que l’année qui vient, pour chacun d’entre nous, soit une année de bonheur et de réussite. Mes chers compatriotes, vive la République et vive la France." Une rupture sur la forme donc, pas sur le fond.