Tous les présidents ont joué le jeu de la conférence de presse. Qui a oublié la déclaration d’amour de Sarkozy ?
Aucun président n’y a échappé. Depuis l’avènement de la Ve République, tous les chefs de l’Etat se prêtent au jeu de la conférence de presse, une tradition initié par Charles de Gaulle. Avec plus ou moins d’assiduité. Et plus ou moins de brio.
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De Gaulle, le pionnier
Interrogé sur sa future candidature à la magistrature suprême, le général de Gaulle - qui n’est alors que président du Conseil mais s'est déclaré quelques jours plus tôt prêt à assumer les pouvoirs de la République- distille, le 19 mai 1958, une de ces phrases qui ont fait sa légende : "Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ?"
Mais il faut attendre mars 1959 pour que le président de Gaulle s’exprime depuis l’Elysée et en fasse une grand-messe personnelle. Il usera et abusera de cet exercice dans lequel il excelle, distillant bons mots et traits d’esprit. Un précurseur de la communication politique. Mais avouons que l’exercice est plus facile quand les questions sont connues à l’avance et les réponses apprises par cœur…
Pompidou, le poète
Pour sa première intervention, en septembre 1969, Georges Pompidou marche dans les pas de son prédécesseur en se présentant aux Français assis derrière une table. Et après avoir évacué les questions économiques et sociales, le chef de l’Etat est interrogé sur le suicide de Gabrielle Russier, enseignante condamnée pour avoir eu une liaison avec un de ses élèves. Georges Pompidou cite alors Paul Eluard : "Comprenne qui voudra moi, mon remords ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés". Comprenne qui pourra…
Giscard d'Estaing, le moderne
Quand il accède à la fonction suprême, Valéry Giscard d'Estaing n’a que 48 ans et souhaite dépoussiérer la fonction. Deux mois après son entrée en fonction, il se présente à sa première «réunion-presse» debout, derrière un pupitre, un bouquet de fleurs à ses côtés. A l’américaine. Lors de son septennat, il préférera d'ailleurs les émissions de télévision.
François Mitterand, le bavard
Retour à la position assis pour le premier président socialiste de la Ve République, et on le comprend. En septembre 1981, il parle en effet pendant plus de deux heures et trente minutes pour justifier ses premières actions. "J'ai peu parlé mais j'ai agi (…) Le gouvernement s'est mis au travail. En quelques semaines, beaucoup a été fait", assure-t-il devant les journalistes.
François Mitterrand, pourtant adepte de la stratégie de la rareté élaborée par son conseiller en communication Jacques Pilhan, fera ensuite preuve de beaucoup de pédagogie sur la guerre en Irak, avec pas moins de huit conférences de presse pour expliquer l’engagement français. "La France doit être digne de ses charges de grande puissance et ne saurait être absente", argumentera-t-il.
Jacques Chirac, le réfractaire
Il n’aime pas les conférences de presse, et n’en fera que quatre en 12 ans de présence à l’Elysée. Une a particulièrement marqué les esprits, et elle se déroule moins d’un mois après son arrivée à l’Elysée. Le 13 juin 1995, Jacques Chirac, debout derrière un pupitre, annonce la reprise des essais nucléaires à Mururoa. "Nous préférerions tous ne pas les reprendre. Malheureusement, nous les avons arrêtés un peu trop tôt", précise-t-il.
Nicolas Sarkozy, le people
Il adore les journalistes, il adore parler, et adore encore plus que l’on parle de lui. Alors, lors de sa première conférence de presse, en janvier 2008, le chef de l’Etat est attendu. Pourtant, il se rate dans les grandes largeurs. Après avoir avoué son impuissance quant à la crise du pouvoir d’achat - "Qu'est-ce que vous attendez de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ?" -, il décide d’étaler son bonheur au grand jour : "Avec Carla, c'est du sérieux". Après cet épisode, il dégringole dans les sondages.