"Acharnement", "décision politique prise au plus haut niveau", "vendetta de Nicolas Sarkozy", l’annonce par Jean-Claude Marin de sa décision de faire appel dans le procès Clearstream suscite beaucoup de commentaires.
Vendetta
Premiers à s’offusquer : les proches de l’ancien Premier ministre. "Pour le chef de l’Etat, la justice est un instrument de pouvoir", a vivement réagi François Goulard. Le politicien a assuré que "c’est de l’hypocrisie de la part du chef de l’Etat, qui s’est donné apparemment le bon rôle jeudi, et envoie son procureur faire appel vendredi matin sur une radio". Me Olivier Metzner, l’avocat de Dominique de Villepin, est allé encore plus loin dénonçant un "acharnement" et une "décision politique prise au plus haut niveau". Le député socialiste du Doubs Pierre Moscovici a estimé, lui, que cet appel montrait que Nicolas Sarkozy avait décidé de poursuivre une "vendetta" contre son ancien rival, soulignant "une espèce de réglèment de comptes qui ira jusqu'au dernier sang entre les deux hommes".
Brigitte Girardin, présidente du Club Villepin, laisse entendre que cet appel pourrait au final venir renforcer la popularité de l’ancien Premier ministre, estimant que "l'opinion publique (allait) être sur la ligne qu'elle a eue tout le long de ce procès de soutien à Dominique de Villepin".
Profil bas
Dans le clan Sarkozy, on s’est contenté de prendre acte de l’appel, se refusant visiblement à afficher tout triomphalisme. Les plus proches du chef de l’Etat s’étaient laissés aller jeudi à quelques commentaires, à l’image de Frédéric Lefebvre déclarant avoir "le sentiment" que "le ou les commanditaires n'avaient pas été condamnés". Vendredi matin, le porte-parole de l’UMP a insisté sur la "responsabilité" du parquet. Sur la même ligne que Jean-Claude Marin, Frédéric Lefebvre s’est appuyé sur des arguments juridiques : "A partir du moment où il y avait deux condamnés qui faisaient appel ça veut dire qu'il y avait un nouveau procès", a-t-il relevé.
Les syndicats de magistrat USM (majoritaire) et SM (gauche) ont dénoncé la forte suspicion de pression politique sur cette décision et ont renouvelé leur appel à "couper le lien" entre parquet et pouvoir politique.