L’annonce faite mardi par Christian Jacob est relativement inattendue. Le patron des députés UMP a annoncé que l’exécutif et les députés de la majorité s’étaient entendus pour renoncer à étendre la déchéance de nationalité aux assassins de policiers. Or, cette proposition, mise sur le tapis par Nicolas Sarkozy lors du discours de Grenoble, était une mesure-phare du projet de loi sur l'immigration.
L’amendement supprimé à la dernière minute
La décision de l’UMP a été prise en considération des divisions internes existant sur la question. L’extension de la déchéance de la nationalité était en effet contestée jusqu'au sein de la majorité. La mesure, très décriée, a déjà été rejetée par le Sénat. Elle vise à déchoir de leur nationalité les personnes devenues françaises depuis moins de 10 ans qui se sont rendues coupables de crime à l'encontre de personnes dépositaires de l'autorité de l'Etat.
Le texte devait être examiné en deuxième lecture à l'Assemblée à partir de mardi après-midi. Juste avant l'ouverture des débats en séance publique, la commission des Lois a donc adopté un amendement pour supprimer cet article du projet de loi.
Priorité à l’unité
L’ordre est en tout cas venu de haut. Ainsi, lors de la réunion hebdomadaire à huis clos des députés UMP, le Premier ministre François Fillon a appelé la majorité à l’union. "Si on se divise, le texte ne sera pas voté et Claude Guéant n'aura pas les moyens de lutter contre l'immigration clandestine", a de fait prévenu estimé le chef du gouvernement. "Je demande à chacun de se rallier à la position de compromis (l'abandon de cette mesure, ndlr) qui a été prise en accord avec le président de la République", a aussi dicté François Fillon.
Même son de cloche du côté du ministre de l’Immigration Claude Guéant, qui a qualifié la mesure de "symbolique". D’après le ministre, il ne faut pas "prendre le risque de diviser la majorité" sur ce point. "L'unité du groupe UMP et le rassemblement de la majorité priment sur les symbole", a également renchéri devant la presse le vice-président du groupe UMP, Bernard Deflesselles.
Déjà des mécontents au sein de l’UMP
La décision est toutefois loin de faire l’unanimité parmi les élus UMP. Le député des Yvelines Jacques Myard s'est ainsi élevé contre ses collègues opposés à l’extension de la déchéance de nationalité, les qualifiant de "bobos salonards". "C'est une connerie de reculer là-dessus. Il y a un ras-le-bol dans ce pays dont nous ferons les frais", s’est ainsi indigné l’élu.
Pour le député du Rhône Philippe Meunier , ce rétropédalage affectera la stratégie présidentielle. Selon lui, il existe tout simplement "une attente du peuple sur cette question" et "il ne faut pas reculer" sur une mesure prônée par le président de la République.