Divorce interne et mariage de raison ? Le dilemme semble prêt à faire imploser Europe Ecologie Les Verts (EELV). Pour célébrer un mariage de raison avec le gouvernement, les partisans d'un retour dans le giron de Manuel Valls devront-ils divorcer de l'aile opposée à la politique socialiste ? C'est toute la question qui se pose pour les membres d'EELV, formation politique distendue entre la position de Cécile Duflot, qui avait claqué la porte du ministère du Logement en mars 2014, et celle de Jean-Vincent Placé ou Denis Baupin, favorables à l'idée de réintégrer le gouvernement. Une question devenue brûlante pour Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale du parti, qui tente de préserver une unité bien fragile au sein de sa formation politique.
A EELV, des débats, mais pas d'implosion. Alors que les "anti-gouvernement" ont publié vendredi soir un document interne très critique envers le gouvernement, Denis Baupin, vice-président de l'Assemblée nationale invité au micro d'Europe 1, participera samedi après-midi à une réunion entre "pro-gouvernement" à l'Assemblée. Mais pour lui, il n'est absolument pas question d'implosion. "L'objectif, c'est de débattre sur la responsabilité des écologistes dans la situation politique dans laquelle on est. Quand on voit le score du FN, je crois que tous les partis politiques doivent se poser la question de leur responsabilité. Et puis nous sommes dans l'année où la France va accueillir la conférence climatique, alors, est-ce que les écologistes peuvent rester dispersés ?", interroge-t-il.
S'il refuse toute idée de scission interne, le député de Paris reconnaît "qu'il y a des débats au sein d'EELV, je ne le cache pas. "Mais il y a surtout des différences de stratégies, il y a ceux qui pensent pouvoir travailler au sein du gouvernement, comme on l'a fait entre 2012 et 2014 et ceux qui pensent qu'il faut s'allier avec d'autres partis", poursuit-il. Partisan d'un retour au sein de l'exécutif, Denis Baupin ne l'accepterait que sous condition : "La question qui est posée c'est y-aura-t-il oui ou non une offre du gouvernement pour mettre en place une politique plus écologique, avec la fermeture de Fessenheim, que les investissements permettent une transition écologique qui a permis la création de 400.000 emplois en Allemagne."
Notre-Dame-Des-Landes et le nucléaire, pierres d'achoppement. En cas de retour dans l'exécutif, il y aura bien sûr des sujets de désaccord. Mais pas de quoi faire reculer le député écologiste pour autant : "Il y a des sujets comme Notre-Dame-Des-Landes qui sont problématiques. La question des choix industriels se pose aussi en France, aujourd'hui le nucléaire c'est l'équivalent du Minitel ! AREVA et EDF aujourd'hui sont obligés de quémander à la Chine. Mais c'est toujours difficile une majorité composite, si on était d'accord sur tout on serait dans le même parti. Le gouvernement doit être un lieu d'arbitrage mais aussi de débat préalable. Il y aura toujours des désaccords entre écologistes et socialistes c'est normal. Mais les électeurs EELV sont favorables à 92% à notre entrée au gouvernement…"
"Ministre Academy" et foire au gouvernement. Interrogé sur la réunion organisée samedi après-midi avec d'autres membres du parti favorables à un retour au pouvoir, il explique que ce moment sera consacré à "se mettre d'accord sur notre envie de travailler ensemble. Nous nous réunissons pour la première fois ensemble pour voir si nous pouvons avoir une politique plus responsable et rassembleuse." Le député européen écologiste Yanick Jadot, lui, n'a pas goûté l'initiative : il parle de "Ministre Academy", comprenez une foire où chacun des membres du parti va se battre pour obtenir son strapontin au gouvernement.
Baupin réfute cette accusation. Une pique que n'accepte pas le vice-président de l'hémicycle : "On a à peu près 250 inscrits (à cette réunion). On n'a pas pu en prendre plus à cause de Vigipirate, mais je ne pense pas qu'on aura 250 ministres. C'est caricatural de parler de "Ministre Academy", il y a des écologistes qui réfléchissent à la meilleure façon de faire avancer leur cause. On n'est pas là en train de quémander, on se demande juste y-a-t-il une crise écologique, y-a-t-il des pics de pollution chaque semaine, y-a-t-il un vieillissement et un risque nucléaire, y-a-t-il un "apartheid social", comme le disait le Premier ministre", a indiqué Denis Baupin.
La question de la candidature en 2017 éludée. Si cette bataille interne du moment est dans toutes les têtes à EELV, Denis Baupin refuse de se projeter trop loin. Pas question donc de se positionner sur la possible candidature d'un écologiste en 2017. "La question d'une candidature écologiste en 2017 n'est pas tranchée", a-t-il éludé au micro d'Europe 1. "On ne peut pas éluder la menace de la présence du FN au second tour, mais pour appeler à voter pour un autre candidat, encore faut-il qu'il porte des valeurs écologistes". Au vu des divergences actuelles entre les Verts et les socialistes, rien n'est moins sûr.
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