L’argumentaire des cadres du PS tient en trois points : la bérézina annoncée n’est pas là; rassemblée, la gauche l’aurait emporté; elle peut encore se rattraper au second tour. Les résultats du premier tour des élections départementales, dimanche, ne sont pourtant pas très flatteurs pour la majorité présidentielle. L'alliance UMP-UDI-MoDem (30%) arrive en tête devant le FN (25,8%) et le PS/PRG (21,85%), selon des résultats officiels non définitifs. Les socialistes auraient même perdu au moins un quart des cantons dès le premier tour, selon le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen.
>> Pourtant, le PS refuse de prononcer le mot "défaite". À raison ?
Ensemble, tout aurait été possible. Manuel Valls a été le premier à dégainer, aux alentours de 20h10. Il s'est réjoui dimanche d'un "score honorable" de son camp. "Les électeurs socialistes ont fait mieux que se défendre dans ce premier tour où on annonçait leur déroute", a également réagi le numéro un du PS, Jean-Christophe Cambadélis. "Les thèmes portés par les socialistes dans cette élection se trouvent confortés. Le total gauche met celle-ci devant le Front national", a-t-il poursuivi.
En ajoutant les divers gauche, le Front de gauche et les écologistes, mais aussi les divers droite, le bloc de gauche (37%) serait en effet au coude à coude avec le bloc de droite (37 ou 38%), selon les dernières estimations. "Dans le contexte actuel de désaffection à l'égard de l'exécutif, c'est presque inespéré", analyse ainsi François Miquet-Marty, de l'institut de sondages Viavoice. "La gauche limite aujourd'hui les dégâts et fait jeu égal avec la droite", poursuit Jean-Daniel Lévy, de l'institut Harris Interactive.
Mais si elle "limite les dégâts", la gauche est loin de pouvoir crier victoire. Arrivée en tête avec 49% des voix au premier tour des cantonales de 2011, elle a vu son score fondre au soleil au profit de la droite. "C'est la troisième sanction de la gauche après les municipales de 2013 et les européennes de 2014", tacle ainsi Frédéric Dabi de l'Ifop, soulignant que la gauche s'est "effondrée et fragmentée" avec "un basculement de l'échiquier politique vers la droite et l'extrême droite. "La gauche risque au final de perdre de nombreux cantons en raison de ses divisions", renchérit Jean-Daniel Lévy.
Manuel Valls au centre des débats. Le Premier ministre, pour sa part, revendique une victoire personnelle : avoir empêché le FN d’arriver en tête. Manuel Valls avait en effet placé le parti de Marine Le Pen au centre de ses critiques pendant la campagne. Et ce soir, "l'extrême droite n'est pas la première formation politique de France. Je m'en félicite car je me suis personnellement engagé", s’est réjoui le chef du gouvernement. "Ceux qui ont fait le travail de combattre le FN, ce sont les socialistes, c'est le Premier ministre. Il a fait le travail. Et le FN n'est pas la première force du pays alors que c'était leur enjeu", a également salué Julien Dray sur Europe 1. Et selon Miquet-Marty, de Viavoice, ce "discours mobilisateur désignant un adversaire" explique en partie le score "moins décevant que prévu" du PS.
>> La réaction de Manuel Valls dimanche soir :
Dans l'opposition aussi, on explique le score du PS sous le prisme de Manuel Valls. Mais pour en expliquer la faiblesse. Pour Laurent Wauquiez, secrétaire général de l'UMP, il s'agit ainsi d'une "défaite historique", due à un "échec personnel" de Manuel Valls. "Ce vote signe un désaveu cinglant à l'encontre du Premier ministre. Il doit écouter le message des urnes et avoir la décence de remettre sa démission", a également taclé Marine Le Pen.
Objectif du second tour : rassembler. Manuel Valls n’entend pourtant pas revoir sa stratégie. Et il appelle encore et toujours à faire reculer le FN au second tour. "J’appelle tous les républicains à faire barrage à l'extrême droite au second tour. J'appelle chacun à adopter une position claire et à faire voter pour le candidat républicain de gauche, ou de droite quand il fait face seul à l'extrême droite", a lancé le Premier ministre dimanche soir.
Manuel Valls et les cadres du PS appellent également la gauche à faire union au second tour, seule condition pour ne pas perdre trop de départements. "Trop dispersée au premier tour, la gauche doit désormais se rassembler autour du candidat de gauche présent au second tour", a demandé Manuel Valls. "Partout où elle est divisée, la gauche est dans la difficulté ou éliminée", prévient Jean-Christophe Cambadélis.
Un message qui semble déjà avoir eu un certain écho. "J'appelle les écologistes à se rassembler autour des candidatures de gauche qui le voudront bien", a déclaré la patronne d'EELV, Emmanuelle Cosse, après les résultats. Le patron des communistes, Pierre Laurent, a lui aussi appelé au "rassemblement de toutes et tous face à la droite et l'extrême droite".
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