L'INFO.Le second tour a livré son verdict. Mais les élections départementales ne sont pas terminées pour autant. Car si l'UMP peut se targuer d'être arrivée largement en tête, le plus dur est peut-être à venir : l'élection des présidents des conseils généraux, jeudi 2 avril. Faute de majorité stable, ce sera en effet, dans nombre de départements, le Front national de Marine Le Pen qui jouera le rôle d'arbitre. Une belle foire d'empoigne en perspective.
La prime au plus âgé. Une fois élus, les conseillers départementaux se réuniront pour élire le président du Conseil départemental. Un scrutin à bulletins secrets qui nécessite la majorité absolue pour être élu. Dans le cas contraire, un second tour est organisé. Et si aucun candidat n'obtient plus de 50%, alors un troisième tour à la majorité relative est nécessaire.
Et que se passerait-il si on arrive à égalité parfaite à l'issue de ce troisième tour ? Madani Cheurfa, politologue au Centre de recherches politiques de Sciences-Po, contacté par Europe 1, a la réponse : "C'est extrêmement rare mais si cela se produit, le législateur a prévu la solution à l'article L3122-1 du Code général des collectivités locales : 'En cas d'égalité des voix, l'élection est acquise au bénéfice de l'âge'." Voilà pour les considérations techniques.
"Tout responsable UMP qui conclura un accord avec le FN sera exclu". Politiquement, ce "troisième tour" va également poser quelques questions. Faute de majorité absolue, certains élus seront en effet contraints de nouer des alliances. A gauche, ce ne sera (normalement) pas trop compliqué pour le PS de convaincre d'éventuels alliés écologistes ou issus du Front de gauche.
En revanche, des conseillers UMP pourraient être tentés de se rapprocher des élus départementaux du Front national pour se faire élire à la présidence. "C'est un problème qui peut se poser", reconnaît le sénateur Eric Doligé, coordinateur des départementales pour l'UMP, interrogé par Europe 1. Nicolas Sarkozy a en tout cas catégoriquement rejeté cette idée d'alliance, même conjoncturelle : "Tout responsable UMP qui conclura un accord avec le FN sera immédiatement exclu", a-t-il assuré sur Europe 1.
Une position ferme qui fait naître quelques sourires sur les visages des ténors frontistes, qui entendent bien profiter de ce type de situation pour pousser leur avantage et mettre la pagaille à droite. "Je ne suis pas sûr que Nicolas Sarkozy ait encore beaucoup d'autorité sur sa famille politique", ironise ainsi Nicolas Bay, secrétaire général du FN. "On l'a vu lors de la partielle du Doubs". De nombreux électeurs UMP s'étaient alors reportés vers le FN au second tour, en dépit de la consigne du "ni-ni" prônée par le parti. Les élus seront-ils plus obéissants que les électeurs ? Réponse le 2 avril prochain.
Le FN dégaine sa charte. Reste que les candidats de droite tentés de franchir le Rubicon - comme ces élus UDF qui s'étaient alliés à l'extrême droite aux régionales de 1998 - devront montrer patte blanche. Pas question pour Marine Le Pen d'ouvrir les bras à tout le monde et de permettre à la gauche d'accuser le FN de collusion avec l'UMP. Le FN va donc, dans les prochains jours, publier sa charte politique, qui "portera sur un certain nombre de sujets essentiels sur lesquels nous n'entendons pas négocier, par exemple la baisse de la fiscalité, le retour des services publics, le communautarisme, la participation de la population à des référendums locaux", a expliqué Nicolas Bay. S'allier, oui, mais pas avec n'importe qui.
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