Certes, le Front national ne pourra pas ressortir ses affiches estampillées "premier parti de France". Il a été devancé par les candidats UMP-UDI au premier tour des élections départementales, avec 27,5% des voix contre 25%. Pourtant, Marine Le Pen affichait un large sourire lors de sa prise de parole dimanche soir. Selon elle, son parti a réalisé pas moins qu'un "exploit" : réunir plus d'un quart des suffrages exprimés, "sans implantation locale préalable", a-t-elle pris soin d'insister.
Premier motif de satisfaction pour sa présidente : le FN a signé son meilleur score historique lors d'une élection locale. Le Front national est arrivé dimanche soir en tête du premier tour dans 43 départements, sur les 98 concernés par les élections départementales et sera présent au second tour dans plus de la moitié de la totalité des cantons. Le parti de Marine Le Pen sera en lice au second tour dans près de 1.100 cantons, dans 772 duels, 297 triangulaires et même dans une quadrangulaire, selon un décompte de l'AFP établi à partir des résultats fournis par le ministère de l'Intérieur
Renforcer le maillage territorial. Par ailleurs, ce premier tour confirme le renforcement du parti dans les territoires déjà grappillés en 2014. "Le Front national fait un excellent score et continue son enracinement", décryptait sur Europe 1 Yves Thréard, éditorialiste au Figaro. "Même s'il n'est pas arrivé en première position, il montre que sa stratégie, c'est son maillage géographique local". De fait, à minuit, le FN disposait de huit conseillers départementaux élus dès le premier tour. Un coup d'œil sur la carte confirme que c'est dans les territoires où il a cartonné aux scrutins de 2014 que le parti frontiste a de nouveau marqué des points.
Ainsi, au Pontet, une ville de Vaucluse qui a élu il y a un an un maire frontiste (dont l'élection a été invalidée depuis), le binôme de candidats FN l'a emporté dès le premier tour avec 53% des voix. Même scénario à Fréjus, municipalité FN du département voisin du Var : le parti a revendiqué sa victoire avec 51% des suffrages. A Vic-sur-Aisne, dans l'Aisne, où le FN a signé une très forte poussée l'an dernier, un duo frontiste affirme l'avoir emporté avec 53,65% des suffrages. Un binôme FN a aussi été élu dans le canton d'Eurville-Bienville, en Haute-Marne, selon des résultats officiels.
En progression au-delà de ses fiefs. Le FN compte bien transformer l'essai au second tour. Dans le Vaucluse, par exemple, Marion Maréchal-Le Pen . De bon augure pour l'élection d'autres conseillers départementaux dimanche prochain. Mais le FN progresse aussi au-delà de ses fiefs. Il arrive ainsi en tête dans l'Yonne, le Tarn-et-Garonne, le Tarn ou encore le Lot-et-Garonne.
Le grignotage local, c'est le point sur lequel les ténors frontistes ont choisi d'insister en cette soirée électorale. "Nous n'avions pas d'implantation. Nous avions un élu sur 4.000, c'est à dire quasiment rien, et pourtant nous réalisons notre meilleur score historique", a affirmé sur Europe 1 Florian Philippot, le numéro 2 du FN.
Vers un département FN ? Une interrogation planera sur le second tour de dimanche prochain : le FN parviendra-t-il à conquérir un département ? Marine Le Pen se garde bien de livrer un pronostic. Quoi qu'il en soit, après l'élection de plus de 1.500 conseillers municipaux l'an dernier, ce scrutin restera une nouvelle étape dans l'établissement de fondations sur lesquelles la patronne du FN compte bien s'appuyer en vue de la présidentielle de 2017. "Les résultats de ce soir seront le socle des résultats aux régionales", a assuré Marine Le Pen dimanche. Car après les mairies et les départements, le FN compte bien investir les conseils régionaux en décembre prochain.
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