Cette fois, Manuel Valls n’a pas tourné autour du pot. Alors que le Premier ministre s’était félicité d'une bonne résistance du Parti socialiste après le premier tour des élections départementales, il a reconnu dimanche un "net recul" de la gauche et une victoire "incontestable" de la "droite républicaine", à l'issue du second tour. Il faut dire que la nouvelle carte des départements a de quoi faire frémir les éléphants du PS. La gauche ne conserve que 34 conseils départementaux, soit à peine plus de la moitié de ceux qu'elle contrôlait avant le scrutin.
Des pertes symboliques. Parmi les nombreuses défaites, on compte plusieurs symboles forts. La Corrèze, fief électoral de François Hollande, l'Essonne, celui de Manuel Valls, le Nord, terre de Martine Aubry, ou encore la Seine-Maritime, domaine de Laurent Fabius, font partie des départements tombés dans l'escarcelle de la droite. Seule surprise : la bascule de la Lozère, que présidait la droite, dans le giron de la gauche. Une bien maigre consolation.
François Hollande aura donc perdu l'ensemble des quatre scrutins organisés depuis son élection en 2012. Après les municipales, les européennes et les sénatoriales l'an dernier, il s'agit d'un nouveau revers cinglant pour le chef de l'Etat, en attendant les régionales de décembre prochain. Ce scrutin porte aussi un coup très dur au Parti socialiste, victime d'une véritable saignée d'élus, qui affaiblit encore son précieux maillage territorial. De mauvaise augure à deux ans de l'élection présidentielle.
Une gauche en miettes. Manuel Valls a attribué cette défaite à une gauche "trop dispersée, trop divisée au premier tour". Il faut dire que dans la plupart des cantons, les différents partis de gauche étaient partis en ordre dispersé. La faute à la contestation de la ligne économique de l'exécutif par ses anciens alliés écologistes, mais aussi par le Parti communiste et le Parti de gauche.
Désormais, l'enjeu pour François Hollande est aussi simple à énoncer que compliqué à mettre en œuvre : réunifier une gauche qui paie cher ses fractures. Dimanche, les contestataires du PS n'ont pas hésité à donner de la voix, à l'instar de Martine Aubry, qui a fait le constat d'un "vote de protestation par rapport à la politique nationale". "Ce qui explique la division, c'est une politique qui ne réunit plus toute la gauche", a renchéri Benoît Hamon sur Europe 1. Quant aux députés "frondeurs" du PS, ils ont réclamé un "contrat de rassemblement" de toute la gauche.
Pas de changement de ligne. "J'appelle les formations de gauche au dialogue, à la mise à plat des divergences, à la construction d'une alliance de gauche et des écologistes pour les prochaines élections", a plaidé le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Pas sûr que la position de l'exécutif y contribue. François Hollande comme Manuel Valls ont averti avant les élections qu'il n'y aurait pas d'inflexion de la politique menée. "La ligne, on ne va pas en changer maintenant", a confirmé le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, dimanche au micro d'Europe 1, en écartant aussi tout remaniement dans l'immédiat. La grande réconciliation attendra.
>> Les départements qui basculent de gauche à droite :
Ain
Aisne
Allier (un des deux départements dirigés par le PCF)
Bouches-du-Rhône
Charente
Cher
Creuse
Corrèze (département de François Hollande)
Côtes-d'Armor
Doubs
Drôme
Eure (département de Bruno Le Maire)
Indre-et-Loire
Isère (fief d'André Vallini)
Jura
Nord (fief de Martine Aubry)
Oise
Pyrénées-Atlantiques (département de François Bayrou)
Saône-et-Loire (ex-fief d'Arnaud Montebourg)
Seine-Maritime (fief de Laurent Fabius)
Seine-et-Marne (département de Christian Jacob)
Deux-Sèvres (ex-fief de Ségolène Royal)
Somme
Territoire-de-Belfort
Essonne (département de Manuel Valls)
>> LIRE AUSSI - Elections départementales 2015 : les résultats du second tour
>> LIRE AUSSI - Départementales : et un, et deux, et troisième tour !
>> LIRE AUSSI - A quoi ressemble le quotidien d’un conseiller départemental ?