En une journée, Nicolas Sarkozy a levé les quelques doutes qui subsistaient quant à sa candidature à une réélection en 2012. Mercredi, lors d’un déplacement dans la Creuse, consacré à la ruralité, le président s’est mué en candidat, dans ce qui avait des vrais airs de tournée électorale. Et s’ils n’ont jamais été nommés, les socialistes, actuellement entre les deux tours de leur primaire, ont été la cible de ses saillies mordantes.
Dans le gymnase de la petite ville d’Aubusson, où 1.500 personnes s’étaient massées, Nicolas Sarkozy a réservé sa première pique à Martine Aubry, qui était en déplacement dans le même département, au même moment. "Il semble que je vous amène du monde. C'est si agréable d'être suivi. Je souhaite bon courage à ceux qui me suivent", a-t-il ironisé sous les regards rieurs de la quasi-totalité de son staff élyséen, Henri Guaino en tête.
"Refuser le monde est un mensonge"
L’habituelle plume du chef de l’Etat n’a pourtant pas forcément été à l’origine des nombreuses petites phrases lancées par Nicolas Sarkozy au camp adverse. Car pour la première fois depuis de longs mois, Nicolas Sarkozy avait décidé d’improviser en grande partie ce discours de près d’une heure, consacré aux socialistes plus qu’à la ruralité. Le président de la République a ainsi longuement fustigé ceux qui, selon lui, tiennent "le langage de la démagogie" et du "populisme". "Ils sont si nombreux et on les entend tellement", a-t-il lancé, reprenant ainsi l’un des thèmes du moment de l’UMP, selon lequel le parti socialiste serait omniprésent dans les médias.
Nicolas Sarkozy a donc tout fait pour qu’à nouveau, les micros et les caméras se braquent sur lui. En attaquant fort, très fort. D’abord sur le concept de démondialisation cher à Arnaud Montebourg, le troisième homme de la primaire socialiste. "Refuser le monde est un mensonge. On peut se mettre assis dans notre fauteuil en refusant le monde, ça va beaucoup impressionner les Chinois, les Indiens, les Brésiliens, qui vont immédiatement arrête de travailler", a-t-il raillé.
Le président Sarkozy n'oublie pas François Hollande et sa proposition de créer 60.000 postes dans l'Education nationale. "Il y a ceux qui, à Paris, me réclament des économies et qui dans les territoires me promettent des dépenses. Ils mentent", a-t-il froidement asséné.
"Je n’ai jamais été méchant"
Les critiques ont ensuite visé le projet socialiste dans son ensemble. La promesse des socialistes de rétablir la retraite à 60 ans ? "Ce n'est pas facile de dire aux gens de travailler davantage", a-t-il souligné, "c'est tellement plus simple de proposer et de promettre n'importe quoi". Leur volonté de revenir sur la TVA réduite à 5,5% dans les cafés et restaurants ? "Si on supprime cette TVA, ce sont beaucoup de cafés restaurants dans nos villages qui disparaîtront", a-t-il prédit, "il leur faudra bien expliquer qu'on aide la ruralité en faisant disparaître des gens qui ne demandent rien d'autre que de pouvoir travailler".
Après cette volée de bois vert, Nicolas Sarkozy s’est radouci. "Dire ce qu'on pense ce n'est pas critiquer, critiquer c'est être méchant gratuitement. Moi je ne l'ai jamais été et je ne le serai jamais", a-t-il juré. "D'ailleurs je ne réponds jamais aux méchancetés, ce qui m'économise un temps extraordinaire". Ce "jamais" semble pourtant avoir souffert d’une légère exception à Aubusson. Le premier d’une longue série, jusqu’en mai 2012 ?