Après un premier carton jaune adressé aux deux candidats par l’Institut Montaigne, c’est au tour de l’Institut de l’entreprise de chiffrer leurs promesses respectives, avec la même conclusion : les programmes de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ne sont pas à l’équilibre.
A chacun ses oublis
Ce déficit s'élève à 11,4 milliards d'euros dans le programme du candidat de l'UMP et à 12,1 milliards dans celui de son concurrent du PS, estime cet "think thank" proche du Medef dont les chiffrages sont généralement peu contestés.
Eudoxe Denis, qui a dirigé cette étude, relève que "Nicolas Sarkozy a entièrement chiffré son programme alors que François Hollande n'a détaillé qu'une partie de l'effort de redressement budgétaire qu'il entend soutenir". En revanche, selon lui, certaines économies avancées par le candidat-président "paraissent très ambitieuses ou surestimées".
Sarkozy : il manque 11,4 milliards d'euros
Congé parental fractionné, création de 24.000 places de prison supplémentaires, etc. : si le candidat Sarkozy appliquait son programme, il coûterait 2,4 milliards d’euros de plus qu’annoncé. Quand à la réduction du personnel de l'Etat ou des collectivités locales, elle rapporterait 2,9 milliards d'euros de moins que ce que le candidat prévoit.
Enfin, l’Institut de l’entreprise a chiffré le coût des promesses de campagne non évaluées par l’UMP. Réduction des droits de mutation, hausse du salaire des enseignants, permis de conduire : l’addition serait de 5,3 milliards d’euros.
Si on ajoute le surcoût de l’exonération de charges pour les seniors (200 millions d'euros) et la surévaluation de la taxe sur les exilés fiscaux, qui rapporterait 500 millions d'euros de moins que prévu, le programme UMP est sous-évalué de 11,4 milliards d’euros.
Hollande : il manque 12,1 milliards
Le candidat PS a, lui aussi, eu droit aux vérifications de l'Institut de l'entreprise. Lorsqu’il se penche sur le programme de François Hollande, ce dernier pointe les promesses non-chiffrées mais dont la facture s’élèverait à 10,3 milliards d’euros : rénovation énergétique de 600.000 logements anciens par an, petite enfance, Internet très haut débit, etc.
Ses experts ont ensuite repris les chiffres fournis par le PS et apportent plusieurs nuances. Ils jugent les "hypothèses de croissance optimistes", tout comme les objectifs de réduction du train de l’Etat. L’institut de l’entreprise souligne toutefois que cet objectif "n'est pas totalement cohérent" avec les recrutements envisagés dans la fonction publique, la revalorisation du traitement des fonctionnaires ou l'arrêt d'une application "mécanique" de la suppression d'un poste de fonctionnaire sur deux partants à la retraite.
Résultat, l’Institut de l’entreprise estime qu’il manque 12,1 milliards d’euros. Ces chiffrages des programmes de Sarkozy et de Hollande sont d’ailleurs très proches de ceux effectués mi-avril par l’institut Montaigne, lui aussi de tendance libérale.