D'un côté 3.000 hommes spécialement dépêchés par l'armée à Hébron, de l'autre 200 jeunes manifestants, au milieu deux familles de colons qui ont été évacuées de leur maison construite illégalement à Hébron. Cette opération musclée, qui a duré quatre heures, a eu lieu mardi matin, au milieu des jets de pierre, d'huile et de peinture. Vingt-sept personnes ont été légèrement blessées, dont près de la moitié parmi les policiers. Cinq manifestants ont également été interpellés. Une semaine après le passage de Condoleeza Rice, la chef de la diplomatie américaine au Proche-Orient, et alors que les Etats-Unis exigent l'arrêt de l'installation des colons juifs dans les territoires palestiniens, cette opération semblait un passage obligé pour le gouvernement d'Ehud Olmert. Il s'agissait de montrer sur la scène internationale sa bonne volonté à ne pas cèder une nouvelle fois du terrain devant une minorité très religieuse. Mais sur le plan national, cette évacuation peut aussi être lue comme un nouvel épisode de l'épreuve de force à laquelle se livrent le gouvernement et la minorité ultra-nationaliste. Lundi, le commandement militaire israélien avait condamné à des peines de deux à quatre semaines de prison douze militaires qui s'étaient rebellés et avaient refusé "d'expulser des juifs de leurs maisons". Pour cette nouvelle évacuation mardi, 30 militaires environ ont encore refusé de se soumettre aux ordres. Ils ont été présentés devant une cour martiale qui les a condamnés à quatre semaines de prison. Par ces décisions, l'Etat veut montrer sa fermeté sur le sujet. Pour les colons, lors de ce genre d'opération, l'essentiel est de résister, même pour une courte durée, même pour de petites colonies. Les ultra-religieux veulent ainsi démontrer à l'Etat qu'ils refusent de céder du terrain. D'ailleurs, la plupart des personnes interpellées ou expulsées devraient revenir occuper les maisons évacuées dans les jours qui viennent. De son côté, l'opposition de gauche s'est félicitée de cette expulsion.