Des fuites contre "l’absurdité de la loi"

Les messages de ce genre ont fleuri sur le Net dès 18 heures, tant sur Twitter que sur des sites francophones étrangers. Marc Vasseur, proche de l'un d'eux, justifie leur action. © TWITTER
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- Marc Vasseur défend un site qui a diffusé les résultats avant l’heure et dont il est proche.

Les fuites tant redoutées ont donc eu lieu : dès 18h30, les premières estimations du résultat du premier tour de la présidentielle ont circulé sur l’Internet et les réseaux sociaux, enfreignant l’embargo fixé à 20 heures. Le parquet de Paris a donc annoncé dimanche avoir ouvert une enquête et cible plus particulièrement trois médias belges ou suisse, ainsi qu’un site internet basé en Nouvelle-Zélande.

Ce site néo-zélandais, Marc Vasseur en connaît les gestionnaires. Ce blogueur et ancien cadre du Parti socialiste l’assume : "on nous dit proches et, oui, effectivement je connais les instigateurs de ce projet". Cet activiste du Net défend donc leur démarche, qui ne vise qu’à "mettre en lumière l’absurdité de la loi".

"Pourquoi vouloir continuer de cacher ces résultats ?"

"Effectivement, je connais les gens qui ont fait cela", poursuit-il, "comme eux, j’ai moi-même eu pas mal d’informations avant cette heure-là. Avant c’était via SMS qu’on m’envoyait les résultats, maintenant c’est via Twitter".

"La volonté des gens qui sont derrière cela, c’est de dire : de plus en plus de personnes sont au courant des résultats avant l’heure. Pourquoi vouloir continuer de cacher ces résultats ?", argumente Marc Vasseur. "Manifestement, c’était une volonté de mettre en lumière l’absurdité de la loi et de montrer qu’Internet est mondial et donc l’information ne peut plus être territorialisée", poursuit-il.

"Le président en exercice ne trouvait pas cela choquant"

Et Marc Vasseur d’égrainer une série d’arguments en faveur de ce site : sa domiciliation en Nouvelle-Zélande lui  permet à priori d’échapper à des poursuites en France, sans oublier qu’à l’heure de la diffusion des premiers chiffres, s’il était 18 heures en France, la Nouvelle-Zélande était déjà passé à la journée de lundi. Mais Marc Vasseur invoque un autre argument de poids : la prise de position de Nicolas Sarkozy, exprimée jeudi sur Europe 1.

"Dès lors où le président de la République estime qu’une loi est devenue obsolète, c’est donc qu’on peut passer outre", estime-t-il :

Fuites sur Internet : "incités par le président"par Europe1fr

"Ce qui va être très délicat, si d’aventure (la procédure judiciaire) va plus loin, c’est de défendre devant le juge le fait que le président en exercice ne trouvait pas cela choquant", se justifie-t-il. "Il me semble que le président de la République est le garant des lois. Certains ont pu y voir un appel à la divulgation des résultats avant l’heure".

Une menace de poursuites qui "frise le ridicule"

Le procureur de Paris a jugé que ce site était "a priori néo-zélandais", une manière de souligner que la justice y voit aussi une initiative partiellement française. Et Marc Vasseur le reconnaît, "la justice serait peut être tentée, de par ma proximité avec eux, d’intenter des poursuites contre moi".

Comment juge-t-il les menaces de poursuites judiciaires, avec une amende pouvant atteindre 75.000 ? "Là, on frise le ridicule : j’imagine mal la justice française convoquer le rédacteur en chef du Soir, celui de Romandie, celui de la RTBF", réagit le blogueur.

Pour Marc Vasseur, la première solution serait de fermer tous les bureaux de vote à la même heure, tout en renonçant aux discours incantatoires sur le Web. D’ailleurs, si libéraliser le Web lui semble nécessaire, l’essentiel est, à ses yeux, ailleurs : "le débat sur la révélation des résultats avant 20 heures me paraît une question complètement subalterne par rapport aux résultats et le fait de voir un Front National qui n’a jamais été aussi haut".