Ils voudraient que le changement se fasse plus vite. Sur le site d’Arcelor Mittal, à Gandrange en Moselle, les employés ont regretté, lundi matin, que l’agenda des réformes annoncé, par François Hollande dimanche soir sur TF1, prenne autant de temps. "Il a dit que toutes les mesures seront mises en œuvre avant la fin de l’année. Mais nous, on ne peut attendre jusqu’à la fin de l’année. Parce qu’à la fin du mois, on va encore perdre 200 euros", se révolte l’un d’eux, sur Europe 1.
Le président de la République a consacré une partie de son intervention télévisée à la nécessité de réformer le marché du travail. Une réforme sur laquelle les partenaires sociaux devront s'accorder avant la fin de l’année, sans quoi l’Etat agira seul, a prévenu François Hollande. Mais sur les sites industriels comme celui de Grandrange, qui emploie encore 350 personnes sur les quelques 1.100 qui y travaillaient en 2008, la prestation de François Hollande a déçu. "Moi j’attendais qu’il se mouille un peu plus et qu’il dise qu’on ne va pas laisser faire n’importe quoi", confie l’un d’eux.
"On a voté pour que ça change"
D’autres attendent encore beaucoup du chef de l’Etat. C’est le cas de ces ouvrières de Sodimedical, un établissement spécialisé dans la fabrication de pièces pour les blocs opératoires, à Plancy-l'Abbaye dans l'Aube. En très grande difficulté, l’entreprise n’a pas payé ses salariés depuis maintenant près d’un an.
"Il faut créer des emplois, moi je veux bien, il est gentil le monsieur, mais on les crée où les emplois ? Toutes entreprises sont fermées !", s’insurge l’une d’elles. "Il ne parle pas des ouvriers qui sont dans notre situation et qui vont se retrouver au chômage. Nous, la porte de Pôle Emploi est grande ouverte", ajoute sa collègue, soulignant que le président de la République "aurait pu parler des délocalisations, ça nous aurait fait plaisir au moins de savoir qu’il était sur le dossier".
En déplacement à Châlons-en-Champagne fin août, François Hollande avait assuré les salariés de son soutien. "Quand on l’a rencontré il y a dix jours on lui a crié "ne nous oubliez pas" et il nous a répondu " certains oublie, pas moi"", explique les ouvrières, soulignant qu’elles ont "voté pour que ça change, donc il faut absolument qu’il fasse quelque chose pour nous".
Hollande doit "enclencher la quatrième" vitesse
Même réaction à Quimper, avec Denis, qui est, lui, patron d'une PME. Employeur de huit salariés dans le bâtiment, il regrette que les mesures ne soient pas prises plus vite. Il a récemment vendu sa maison pour sauver son entreprise. "On va attendre 2013, pour moi c’est trop tard, c’est trop loin. Je n’ai pas le temps d’attendre", explique ce patron qui va devoir licencier la moitié de ses salariés.
"On avait un président qui était très speed, celui-ci il est resté en deuxième, il est tant qu’il enclenche la quatrième. Moi ce qu’il me faut, c’est un président qui fonctionne comme un chef d’entreprise. Il doit gérer la France de la même manière qu’un chef d’entreprise : stricte rigoureuse mais rapide".
Certaines entreprises, elles, n’ont pas attendu que le chef de l’Etat annonce une réforme du marché du travail pour vaincre leurs difficultés. C’est le cas, par exemple, du groupe Bosch à Vénissieux, dans le Rhône. L’entreprise a négocié des accords avec de durée de travail ou bien des baisses de salaire en échange d’une garantie de l’emploi. "Nous sommes à 36 heures au lieu de 35. Il faut continuer à être compétitif", confie l’un des salariés assurant qu’il serait "prêt à travailler encore plus".