L’INFO. L’affaire Leonarda et les polémiques qui ont suivi ont donné des idées à l’UMP. Jean-François Copé a ainsi proposé, mardi matin, de réformer le droit du sol, l’un des ciments du pacte républicain français. "Les enfants nés de parents étrangers en situation régulière ne peuvent pas obtenir la nationalité française de manière automatique. Ils doivent en faire la demande", a assuré le président de l'UMP à l’AFP, annonçant que son parti présentera d'ici à la fin de l'année une proposition de loi réformant la politique d'immigration.
La réplique du Parti socialiste. Pour le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, "c'est une proposition d'apprenti sorcier". Les députés socialistes de la Gauche forte ont quant à eux accusé Jean-François Copé de reprendre "la ligne du FN". "Historiquement, l'abolition du droit du sol a constitué une des mesures phares du Front national, avec la fin de la double nationalité. Cette proposition apparaît d'ailleurs encore dans le programme de 2012 de Marine Le Pen", écrivent Yann Galut et Alexis Bachelay dans un communiqué.
Un simple détour sur le site du Front national permet en effet de vérifier que la proposition du patron de l’UMP était bien portée par Marine Le Pen, à la 12e page de son projet pour l’élection présidentielle de 2012. La capture d'écran ci-dessous le prouve :
Le député-maire de Meaux n’est pas pour autant une voix isolée dans son camp, loin de là. François Fillon est sur la même ligne. Et cette question agite la droite française depuis de nombreuses années. En 1993, Charles Pasqua (photo), alors ministre de l’Intérieur, avait, dans une loi votée par le Parlement, soumis l'obtention de la nationalité française, pour un mineur né en France de parents étrangers dotés d'une carte de séjour, à une déclaration préalable à sa majorité, dite "manifestation de volonté", entre 16 et 21 ans. L'obtention de la nationalité à la majorité n'était donc plus automatique, une première depuis 1889. Cette disposition déclarative avait ensuite été supprimée par la loi Guigou du 16 mars 1998.
Le FN se gausse. Alors que les sondages n’ont jamais été aussi bons pour Marine Le Pen, la sortie de Jean-François Copé est perçue, au sein du Front national, comme une manœuvre politicienne visant à marcher sur les plates bandes de l’encombrant voisin de l’extrême : "au pouvoir entre 2002 et 2012, l'UMP a eu dix ans pour réformer le droit du sol ou pour le supprimer. Elle n'a en a rien fait. Elle attend d'être dans l'opposition, et minoritaire, pour faire une timide proposition, ce qui démontre son manque flagrant de sincérité", a déploré Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen.