Cécile Duflot a officiellement quitté samedi son poste de secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts. La ministre du Logement a fait part de son émotion et son "sentiment d'une immense fierté", avant de passer la main à Pascal Durand. Le numéro deux du parti, et actuel porte-parole, qui fut un des artisans de la création d'Europe Ecologie aux européennes de 2009, était le seul candidat à la succession de Cécile Duflot. Il a obtenu près de 96% des voix lors du vote du Conseil fédéral réuni à Paris samedi.
Un "secrétaire national de rassemblement"
Avant le vote, celui qui était porte-parole depuis le congrès de La Rochelle de juin 2011, a développé son projet politique, en appelant à "la fraternité". "Il n'y aura pas d'avenir civilisationnel si nous n'intégrons pas la dimension globale de la planète, la finitude des ressources" et "tout ce qui fait la vie", a lancé ce proche de Nicolas Hulot, très applaudi. Mais aujourd'hui malgré les succès électoraux, "nous ne sommes plus entendus dans la société", a-t-il regretté.
Se voulant "secrétaire national de rassemblement", il a affirmé qu'il ne pouvait pas y avoir d'écologie "dans l'arrogance ou la guerre", appelant à "cesser les invectives" entre écologistes, une adresse à l'absent Daniel Cohn-Bendit. Mais, a-t-il souligné, "Dany a évidemment sa place" à EELV, alors que certains militants ont demandé auparavant sa démission.
Pour son dernier discours après dix ans à la direction des Verts, dont six en tant que numéro un, elle a été accueillie par les 150 délégués, qui l'ont longuement applaudie. Après un hommage émouvant à Nicole Stam, cofondatrice des Verts décédée récemment, puis une présentation des députés élus le 17 juin dernier, Cécile Duflot a assumé un "discours sentimentalo-politique car la politique crève de gens qui sous couvert de sérieux en deviennent parfois inhumains".
"Quelle aventure et quel chemin parcouru !"
Parlant "avec une certaine émotion et en étant habitée par le sentiment d'une immense fierté", elle a, visiblement émue, affirmé n'avoir "pas l'âme d'une ancienne combattante" tout en lançant : "quelle aventure et quel chemin parcouru !". En 2006, "certains pariaient sur notre disparition", "on a réussi ensemble à les faire mentir", a dit la ministre. Cécile Duflot a souligné la réussite de sa méthode dont "le talisman est l'unité" même si "sans doute" des "erreurs" ont été commises.
A ceux qui veulent "régler des comptes avec moi, ma voix, mon vocabulaire, mes tweets, mes jeans", elle a affirmé qu'elle resterait toujours "une militante de l'écologie et cela personne ne pourra m'en détourner".
Mais "ce discours n'est pas un testament", a-t-elle souligné, souhaitant dans ses nouvelles fonctions de ministre "faire en sorte que les valeurs de l'écologie se muent en réalité" et assurant que les écologistes seront "loyaux" au gouvernement mais aussi "fidèles à (leurs) convictions".
"Je serai pleinement à ses côtés jour après jour"
Seul candidat en lice, Pascal Durand, actuel porte-parole, doit être désigné vers 17h30 par le parlement écologiste. "Je serai pleinement à ses côtés jour après jour", a conclu Cécile Duflot, au bord des larmes au moment de "tourner la page d'une partie de (s)a vie".
Dans la foulée du départ de Cécile Duflot, la direction doit être remaniée avec de nouveaux porte-parole notamment, après la démission de Laurence Vichnievsky et la promotion de Pascal Durand. Mais "il ne faut pas que l'arbre, si beau soit-il, cache la forêt", note l'eurodéputé Yannick Jadot, déplorant la perte de très nombreux militants et "coopérateurs" ces derniers mois, ainsi qu'un recul dans la "dynamique et l'esprit" d'Europe Ecologie aux européennes de 2009.
"Nous incarnons souvent l'insoutenable légèreté de l'arrivisme"
Même son de cloche du cotés de Daniel Cohn-Bendit, interrogé par Libération vendredi. "Notre image est devenue détestable" et, "aujourd'hui, nous incarnons souvent l'insoutenable légèreté de l'arrivisme", a dénoncé "Dany", jugeant que "le plus détestable a été la course aux maroquins ministériels" avec une Cécile Duflot en "chef de clan". Daniel Cohn-Bendit espère donc que Pascal Durand parviendra à mettre en place un fonctionnement plus collectif. "Dudu", comme l'appelle Cécile Duflot, fait partie de l'ouverture d'Europe Ecologie au moment des européennes, quand "Dany" impulse la dynamique pour éviter le repli sur les seuls Verts.
Pour EELV, désormais, "l'enjeu est de réussir à territorialiser et développer davantage le mouvement", explique le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé. Ce dernier reconnaît une "faiblesse d'implantation locale très forte dans les quartiers et le monde rural". Un des objectifs aussi : "mener des listes gagnantes dans les grandes villes françaises aux municipales de 2014". A commencer par Paris avec Cécile Duflot ?