>> Mise à jour : 16h47. Matignon a indiqué lundi que "la question de la participation" des ministres écologistes, Cécile Duflot et Pascal Canfin, "ne se pose pas".
On a entendu la colère de Daniel Cohn-Bendit, on a vu le sourire de Jean-Vincent Placé, entr'aperçu la gêne de François de Rugy… Mais de la part de Cécile Duflot, point de réactions. Depuis samedi après-midi, quand Europe Ecologie-Les Verts, son parti, a décidé de massivement voter contre la ratification du traité européen, et pendant près de 48 heures, le ministre du Logement est restée muette. Son seul propos public a longtemps consisté en un tweet, un brin énigmatique. "Méthode anti-stress : cuisiner un Chili le samedi soir à 22 heures…", a écrit la ministre du Logement, photo à l’appui.
Méthode anti stress : cuisiner un chili le samedi soir à 22h....... et regarder @durandeelv sur itélé ;) lockerz.com/s/246788577— Cécile Duflot (@CecileDuflot) September 22, 2012
Puis lundi en début d'après-midi, la ministre s'est contentée d'une simple phrase, lâchée lors d'un entretien à Paris Match : "Je ne démissionnerai ni du gouvernement ni d’EELV", a-t-elle assuré. Ce sera tout, comme position officielle. Et aussi ce "stress" évoqué. "Son opposition au traité ne fait aucun doute, mais elle est ministre, donc c'est compliqué pour elle", formule un élu écologiste dans Le Parisien, résumant ainsi l’inconfortable situation de Cécile Duflot.
>> A lire aussi : l'interview de Cécile Duflot dans Paris Match.
Une situation qu’elle avait déjà expérimentée. Lors des journées d’été d’EELV, elle avait elle-même commenté cette nouvelle donne d’un trait d’humour. "On m’a mis une muselière qui me permet un tout petit peu de l’ouvrir", avait souri la ministre. Qui semble avoir décidé de serrer son bâillon de plusieurs crans.
>> A lire aussi : "j'ai une muselière qui permet de l'ouvrir"
Au même moment, sentant le délicat traité européen sur le point de surgir, la ministre avait d’ailleurs déjà entamé cette entreprise de dédramatisation. "Je serai fidèle à mon parti et loyale au gouvernement", glissait-elle lors des journées d’été du parti écologiste. "Mais l'avis personnel de Cécile Duflot n'est pas très utile", voulait croire la ministre. Une erreur de jugement manifeste, puisque rarement, sinon jamais, sa parole aura autant été attendue.
Au Parti socialiste, on peine à masquer l’amertume née du vote des écologistes. Et on compte sur les deux ministres du cru pour mettre les points sur les "i". "J'espère que les ministres sont pleinement porteurs de cette ambition européenne et je souhaite qu'ils se fassent entendre", a affirmé Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée, sur Europe 1.
Bruno Le Roux s'étonne de la décision des Verts :
Quant à Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, elle a estimé sur BFMTV lundi matin que c’est à Cécile Duflot, "de nous dire ce qu’elle pense de ce vote d’EELV qui a été contesté par certains, comme Daniel Cohn-Bendit". Et la ministre du Droit des femmes d’assurer : "Je ne doute pas qu’elle s’exprimera". Histoire de faire peser un peu plus de pression sur les épaules de sa collègue.
La droite se gausse
Toujours prompt à dégainer sur Twitter, Lionnel Luca s’est fendu lundi matin d’un petit message caustique par forcément clair, mais finalement limpide. "Avis de recherche: on n'a plus de nouvelles de C. Duflot depuis la région des Verts; elle est injoignable. Elle doit ranger ses Aff minist (sic)", écrit le député des Alpes-Maritimes, tenant de l’aile dure de l’UMP.
Avis de recherche:on n'a plus de nouvelles de C.Duflot depuis la région des Verts;elle est injoignable. Elle doit ranger ses Aff minist— Lionnel Luca 2012 (@lionnelluca2012) September 24, 2012
D’autres voient dans cette occasion le signe que la composition du gouvernement est décidément intenable. "Je ne vois pas comment les écologistes peuvent rester au gouvernement dans cette situation", a réagi François Fillon dimanche soir lors du Grand jury RTL-LCI-Le Figaro. "Je n’image pas, étant Premier ministre, avoir à subir un camouflet pareil de la part de ma majorité", raille l’ancien hôte de Matignon.
Caroline Roux se penche sur la situation difficile des ministres écologistes :