L'INFO. L'image de rassembleur de Nicolas Sarkozy a été fortement écornée par sa volonté d'abroger la loi Taubira sur le mariage gay. Certains de ses proches, comme Nathalie Kosciusko-Morizet lundi sur Europe 1, ont même contesté fortement cette position. Le sujet devient important à quelques encablures du scrutin pour la présidence de l'UMP. Dans 12 jours, le principal parti d'opposition aura en effet un nouveau patron. En attendant, le service politique d'Europe 1 a mené l'enquête auprès des 189 députés de l'UMP. Un constat en ressort : Nicolas Sarkozy, bien que favori, est loin de faire l'unanimité.
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Quatre questions posées. Quelque 98% des députés UMP nous ont répondu, et 90% d'entre eux ont accepté de jouer le jeu. Le jeu ? Saisir l'état d'esprit des parlementaires à l'égard des différents prétendants, qu'ils visent la présidence de l'UMP ou celle de la nation. Concrètement, quatre questions leur ont été posées : "Avez-vous parrainé un candidat à la présidence de l’UMP ? A défaut lequel à votre soutien ?" ; "Etes-vous favorable à un changement de nom du parti ?" ; "Êtes-vous favorable à une primaire ouverte pour choisir le candidat de votre famille à l’élection présidentielle ?" et "Qui est votre favori pour représenter la droite en 2017 ?"
La primaire fait un tabac. Premier constat : les députés ne sont pas au garde-à-vous derrière l’ex-président. Au contraire, certains sont même tentés par le "Tout sauf Sarkozy". Ils sont ainsi 83% à réclamer une primaire ouverte à tous les Français pour désigner celui qui portera les couleurs de la droite à l’élection présidentielle. Un exercice de démocratie interne qui n'enthousiasme guère Nicolas Sarkozy, lui qui s'imaginait être le candidat naturel de sa famille une fois revenu dans l'arène politique.
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Sarkozy favori pour la présidence de l'UMP, mais… Autre signe que les élus de l'UMP n'ont pas le petit doigt sur la couture du pantalon sarkozyste, ils sont majoritairement opposés à un changement de nom de leur mouvement (48% contre 41%). Il n'en reste pas moins que Nicolas Sarkozy est le grandissime favori pour la présidence de l'UMP avec 75 députés qui le soutiennent (43,8%) contre 42 élus pour Bruno Le Maire, son principal challenger (24,5%) et 23 pour Hervé Mariton (13,5%). Un avantage certain, mais ses deux rivaux n'ont pas à rougir. Dans le camp Sarkozy, on s'attendait certainement à un soutien plus massif.
Juppé seulement le troisième homme pour 2017. Quant à l'élection présidentielle de 2017 - qui donnera lieu à une primaire un an auparavant -, les jeux sont encore loin d'être faits. Pour l'heure, 25,7% des députés UMP souhaiteraient voir Nicolas Sarkozy partir à la bataille en leur nom. Mais ils sont aussi 15,8% à imaginer que François Fillon serait le mieux placé pour déloger François Hollande. Plus surprenant, Alain Juppé, désigné "homme politique de l'année 2014" par le magazine GQ, n'est que le troisième homme des élus, avec 10%. Un manque de poids chez les parlementaires qui peut s'expliquer par l'absence du maire de Bordeaux dans l'hémicycle depuis 2004 et sa condamnation pénale dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.
Faites vos jeux ! Dernier élément pour faire monter le suspense rue de Vaugirard : presque la moitié du groupe n’a pas encore fait son choix pour 2017 (44%). Et parmi eux, certains disent pouvoir soutenir aussi bien Alain Juppé que François Fillon. Mais une chose est sûre : ils ne veulent pas entendre parler de Sarkozy. Conclusion : deux mois après son retour, l'ancien président est très loin d’avoir tué le match.