Le troisième homme de l’élection présidentielle pourrait bien être une femme. Marine Le Pen, candidate du Front national, se place depuis de longues semaines derrière les deux favoris, François Hollande et Nicolas Sarkozy, selon la majorité des sondages. Le dernier baromètre Ifop/Fiducial pour Europe 1/Paris Match/Public Sénat confirme cette tendance. Mais il confirme aussi d’une part que la menace Mélenchon se précise, d’autre part que François Bayrou semble définitivement hors course.
Bayrou-Mélenchon, trajectoires opposées
Et c’est sans doute là le principal enseignement de cette 7e vague du baromètre Ifop. Le candidat MoDem, brillant troisième en 2007, avec 18,57% des suffrages exprimés, est passé sous la barre des 10% d’intentions de vote (9,5%). Il y a un mois, le centriste émargeait encore à 13%. La chute est spectaculaire. Et sans doute irrémédiable.
Jean-Luc Mélenchon est lui dans une dynamique totalement opposée. Lors de la première vague du baromètre, à la mi-janvier, le candidat du Front de gauche était crédité de 7,5% d’intentions de vote. Trois mois plus tard, le voilà à 14%, près du double. L’embellie est plutôt récente, puisque à la mi-mars, le président du Parti de gauche franchissait seulement la barre des 10%. Avec quatre points de plus en moins d’un mois, Jean-Luc Mélenchon peut espérer grimper sur la troisième marche du podium le 22 avril prochain.
L’objectif est d’autant plus tentant qu’il permettrait au candidat du Front de gauche de passer devant sa meilleure ennemie, Marine Le Pen. "Le résultat minimum dont je serais le plus fier serait si ma candidature devançait celle de Mme Le Pen", a-t-il déclaré sur BFM-TV.
Le duel Mélenchon-Le Pen
La candidate du Front national, qui rêve de regarder vers le haut, est en fait contrainte de se battre pour la troisième place. En constante baisse depuis janvier, la présidente du FN met fin à cette tendance en regagnant un point. Elle bénéficie désormais de 16,5% d’intentions de vote, loin tout de même de ses 20% du début d’année.
Et elle aussi se détermine par rapport à son adversaire de la gauche de la gauche. "Je serai devant Jean-Luc Mélenchon. Les sondeurs qui affirment qu'il va me devancer sont soit incompétents, soit malhonnêtes", accuse la candidate d'extrême-droite dans Le Figaro daté de mardi.
Le duel entre les deux candidats devrait donc animer les deux dernières semaines de campagne présidentielle. Et réserver son lot de petites phrases assassines. La dernière à avoir donné dans la pique est Marine Le Pen, qui a qualifié samedi Jean-Luc Mélenchon d’"idiot triplement utile". La riposte est attendue sous peu.